— première épreuve terminée, mais les festivités sont bien loin d’utre terminées. petit bonheur flotte encore au rebord des expressions du jeune homme – à faire l’imbécile sur les rebords de la piste, tandis que tous se mettent en place prêts à s’élancer. coup d’oeil vers ses conquérants d’un instant – le sourire aux lèvres, il salue ces derniers, pas certain de tous les reconnaître, mais après tout, morgan n’a jamais eu une bonne mémoire concernant les visages célèbres qu’il rencontre depuis une année désormais.
bientôt appelé, il vérifie une dernière fois ses lacets pour éviter une mauvaise surprise au fil de la compétition, refusant de se ridiculer sur ces quelques mètres à parcourir. le brouhaha règne soudainement en accalmie silencieuse dans son esprit alors qu’on les invite à se mettre en place : aux aguets, attendant le top départ, il ne considère plus que la compétition et la potentielle victoire l’attendant à sa fin.

— c’est à peine si morgan entend les acclamations du public hurlant alors que les trois artistes s’élancent sur la piste à perdre haleine : tout est sourd, se meurt en son sein alors que son regard demeure fixe sur la fin de la course : sa longue carcasse d’acier se dépliant au fil des premiers mètres parcourus pour tenter d’épouser aux mieux l’air perforé de son corps. il sent à peine ses jambes, elles semblent se mouvoir d’elles mêmes alors qu’il pousse une nouvelle accélération pour tenter de gagner en vitesse, ignorant l’endurance : seule la rapidité primera ici, sur ces soixante mètres, c’est une poignée de secondes qui exécutent le verdict final. alors, oubliant ses poumons embrasés, il continue sa course, espérant décrocher une quelconque médaille, naïvement sans doute ; ce sont les espoirs juvéniles qui l’ont toujours fait vibrer, et l’ont poussé jusqu’ici après cette première année sur les devants de la scène.

— le garnement se pervertit d’illusion. toujours il croit pouvoir se surpasser. l’orgueil lui grise peut-être l’esprit, il fleurit parfois à l’angle de sa mâchoire comme une rose et ses ronces, ne possède que la marque du malin – la jeunesse qui s’exprime de manière fugace, dans des allures d’isard sans aile.
l’amusement le poussera sans doute à accepter une quelconque défaite : la compétition ne se traduit chez lui qu’en sourires découpant proprement la moitié de son visage. tant qu’il vibre morgan, il ne demande rien d’autre. un peu de vie pour animer ce corps ne réclamant qu’agitation, et ce trop plein d’énergie à constamment canaliser : il brille morgan. parfois si fort qu’il en oublie tout le reste.
cette fois de plus, il court. court encore. court toujours. il court jusqu’à s’écraser contre la ligne d’arrivée et s’enfoncer dans ces coussins destinés à retenir ses ardeurs, attendant alors, le verdict final.