escape reality (yujin)

Avoir Yujin à ses cotés était une réelle bouffée d’oxygène. Constante dans sa vie qu’elle savait qui ne bougerait pas, sérénité certaine à l’avoir au bout du fil ou encore mieux, près d’elle, comme si elle fut plus efficace que n’importe lequel de ces cachets qu’on lui vendait pour pallier à l’anxiété. Chose qui n’avait jamais réellement marché. Elle, en revanche, avait su être un réel pilier quand tout allait mal, et ne serait-ce que pouvoir lui confier ses peines et ses tracas avait toujours su alléger son cœur d’un peu de son poids. Seul un sujet était passé à la trappe malgré les années de proximité, déni ultime qu’elle s’infligeait pour ne pas avoir à espérer. Sans doute avait-elle été la première mise au courant quand elle avait décidé de rejoindre Aurora une nouvelle fois, la joie qu’elle lui avait témoignée gorgeant son palpitant de reconnaissance et de notes douces et tendres entremêlées. Mais une fois l’euphorie passée, le stress avait pris le pas, la peur tordant son estomac des critiques que leur comeback pourrait engendrer. Et plus les jours passaient, plus la date fatidique se rapprochait… Et plus elle se sentait doucement mais sûrement partir en apnée, la tête désormais bien loin sous la flotte et l’envie de pouvoir remonter. Hors de question toutefois de montrer ses insécurités auprès de ses membres qu’elle venait tout juste de rejoindre après ces mois devenus années de distance. Et c’était là que Yujin avait frappé, l’exhortant à la rejoindre hors des murs de Séoul pour une petite randonnée en forêt, devenue rituel. Un bon moyen de déstresser. Un très bon moyen de prendre de la distance et tout oublier. Surtout quand on savait que le point culminant du jour se solderait par une petite baignade dans un lac en pleine nature, portant déjà son maillot sous ses vêtements tant la hâte la gagnait. En revanche, elle craignait un peu plus les températures, faible de nature face au soleil et comptant un peu trop sous l’ombre bienveillante des arbres sur leur parcours. Sans compter sur son chapeau et les litres de crème solaire appliqués, le tube trônant à portée de main à côté de sa gourde et de sa serviette dans son sac à dos. « Et bien… Je crois que je suis parée ? » Question plus pour la forme qu’autre chose après avoir vérifié le contenu de son sac cinq fois déjà, une fois sortie de voiture. Ce ne serait pas en chemin qu’elle pourrait s’apercevoir ne pas avoir de quoi s’hydrater après tout ! « Et toi ? » Relevant ses chocolats sur son amie qu’elle aimait appeler de toujours, rivalisant avec l’astre solaire de son sourire. « Je crois que je vais déjà mieux. » Alors qu’elle n’avait même pas encore fait un pas. A voir si le discours serait le même une fois quelques kilomètres dans les pattes et la chaleur de l’après-midi sous leur nez. On se motivait comme on pouvait !

Quoi de mieux qu'une randonnée ? Rien. A part peut-être les lego. Plusieurs penchées sur les pièces, tu pouvais te perdre dans cet univers bien à toi. Tu pouvais construire mais aussi détruire pour faire mieux. Tu te plongeais dans un autre monde, le tien, fermant la bulle autour de toi et profitant simplement. Ca te détendait, les lego. Tout comme ça te permettait de te garder concentrée et occupée sur quelque chose. Au moins tu ne pensais pas à d'autres choses en faisant ça. Au moins tu te perdais pas dans des questions trop longues et des réponses trop lourdes. Tu ne pensais à rien, juste à la brique suivante. Comme quand tu allais en randonnée. Tu ne pensais qu'à photographier le paysage, le capturer. Tu ne pensais qu'à profiter, te relaxer. Tu aimais tellement ça, la randonnée. Et tu l'aimais encore plus quand la compagnie était bonne. Pas que tu aies déjà eu une mauvaise compagnie en allant marcher cela dit. Hors aujourd'hui était exceptionnel : Byeol venait avec toi. Pour l'occasion, tu avais songé à ne pas en faire trop, non plus. Et tu avais pensé à ce lac. Une petite marche et enfin le repos du corps et de l'esprit. Une récompense pour vous. Pour Byeol, surtout. Tu espérais que cette petite escapade lui fasse du bien et lui permette de se ressourcer un peu. Qu'elle puisse se détendre, et profiter – souffler. Tu savais le métier compliqué. Tu savais aussi que le comeback d'Aurora approchait. C'était toujours stressant. Avant et après un retour. Trop de questions. Tu ne voulais pas qu'elle pense à tout ça. Tu voulais qu'elle laisse tout ça de côté, pour quelques heures. « Tu crois ? », demandas-tu dans un rire léger, le nez faiblement plissé. Tu secouas le visage après l'avoir observée, levant le pouce comme pour confirmer que oui, elle était prête. « Je suis prête », répondis-tu doucement, les phalanges agrippés aux lanières de ton sac, prête à partir sans plus attendre. « Oh déjà ? Le charme de la randonnée fonctionne rapidement », tu lui offris un clin d’œil dans une esquisse attendrie. « Je pense aussi que ça a à voir avec l'air, peut-être. Il est beaucoup plus frais, et pur », la pollution en moins, c'était tout de même plus agréable non ? « Et il n'y a pas de bruits, aussi », pas de stress non plus. Tout ça restait en ville. Tu patientas quelques secondes encore avant de démarrer la marche, le sourire large et les pupilles curieuses cavalant déjà sur les couleurs autour de vous. « J'ai pensé à prendre mon appareil photo. On pourra se faire quelques souvenirs », articulas-tu lentement, regardant là où tu mettais les pieds. « J'ai hâte de faire un tour dans le lac. A ce qu'on m'a dit, la température de l'eau y est toujours idéale », vous alliez donc tester et approuver ou non les paroles prononcées. « Tu vas toujours mieux ? », que tu l'interrogeas dans un sourire mutin. « Attention ça grimpe un peu », t'étais sage, tu prévenais.

Si elle croyait ? Mais c’est qu’elle la charriait, tirant la langue telle une enfant avant de se mordre la lèvre, souriant par dessus. Ok, peut-être avait-elle vérifié son sac de trop nombreuses fois pour ne pas mériter cette réflexion rieuse, elle admettait. Mais au moins ne serait-elle pas prise au dépourvu. « Parfait alors, here we go !! » S’exclamant en pointant du doigt la forêt comme si ce ne fut pas elle qu’on attendait. « Ecoute, c’est le charme des arbres. » Entre autres. Sûrement ? Riant de sa bêtise avant d’acquiescer à ses dires. « Tout à fait. L’air et le silence, exactement ce que j’avais dit. » Ou pas. Mais avec Yujin, elle n’avait pas peur de raconter des conneries, lui envoyant un clin d'œil charmeur avant de lui emboîter le pas, débutant enfin leur parcours. Au moins, on pourrait dire qu’elles ne s’ennuieraient pas, trop habituées à parler de tout mais surtout de rien, la simple présence de l’autre étant un réconfort certain. Le meilleur des médicaments, avant l’air, le silence et… La vue des arbres ! « Evidemment ! Même sans, je nous aurais mitraillé avec mon téléphone. » Un peu moins pro comme matériel, mais ça faisait l’affaire pour des débutantes. Elle connaissait déjà son meilleur profil, ce n’était pas trop mal ! Les tocs du métier. « Faisons les avant de suer comme des bœufs, ou alors après notre baignade, sinon insta nous reniera et nos followers avec. » Pas du tout dramatique, vraiment. Juste un peu. « J’ai hâte aussi, ça fait longtemps que je ne me suis pas baignée autre part que dans une piscine, et encore… Celles de Séoul n’ont rien de forcément idyllique ! » Alors que le cadre, ici, serait sûrement une pépite. Et puis, c’était incomparable, l’eau chlorée et bétonnée en plein milieu des buildings ne pourrait daigner rivaliser avec la nature à perte de vue et le ciel se reflétant jusque dans la surface aqueuse pure. « Je suis sûre que même notre peau s’en verra magnifiée. » Même si ce lac n’avait rien de thermal en soit. Elle et ses théories fumeuses. Le principal, c’était d’y croire ! « Evidemment, je vais même un peu mieux à chaque pas, si ce n’est pas fantastique ! » lui répond-elle en fronçant légèrement le nez, feignant d’être outrée et dramatique. Mais elle ne mentait pas : pour la première fois depuis quelques jours, elle allait vraiment bien. « Si c’est qu’un peu, ça va. Tu rigoleras moins quand tu devras me porter sur ton dos. » Hoche-t-elle la tête, ses mèches brunes s’agitant au gré de son rire, répondant insolemment à son sourire mutin. « Quoi, je ne t’avais pas prévenue ? » Maintenant elle l’était !

C'était encore plus agréable de te dire que tu allais profiter de cette petite escapade en bonne compagnie. Tu avais l'impression que ça faisait longtemps que tu n'avais pas profité d'un instant comme ça, avec Byeol en plus. Ca faisait du bien – ça allait vous faire du bien. Le charme des arbres. Tu l'avais jamais entendue, celle-là. Mais c'était mignon. Poétique, même. Et tu ne pouvais que comprendre : les arbres avaient un charme suprême. Comme des dieux qui s'élevaient jusqu'aux cieux. Sauf qu'eux étaient présents sur terre, les racines bien ancrées dans le sol. « Oui, exactement ce que tu avais dit », ton sourire grandit un peu plus, l'étincelle brillant dans tes pupilles, malice et ruse s'y mêlant alors que tu répondais à son clin d’œil par un rire discret. Rien n'avait changé entre vous, et tu aimais supposer que rien ne changera. C'était parfait ainsi. Votre amitié, comme l'air, les arbres, la nature, était la plus pure qu'il soit. Et ça te convenait de cette façon. Plus que ça, même. Tu aimais cette stabilité que Byeol t'offrait en étant simplement là. « La qualité n'est pas la même », relevas-tu dans une petite moue, fière de ton équipement tout de même. « Tu comptes suer comme un bœuf ? », tu retins ton rire, proposant une mine perplexe. « Je pense pas qu'on nous reniera pour ça. C'est humain, de transpirer. On fait de la randonnée, aussi, pas une séance lecture sous la clim », soufflas-tu lentement, le sourire fin. « Prenons quelques photos maintenant et après notre baignade, aussi. Je te laisserai le soin de sélectionner les plus réussies », proposas-tu dans un son amusé. « Celles de Séoul sont chouettes, aussi. Du moins ça dépanne en attendant de trouver un bon coin. Le cadre n'est pas le même », ici tout était beaucoup plus beau, de toute façon. Tu hochas le visage à ses mots, les pupilles vagabondes et curieuses. Tu connaissais le paysage pourtant tu découvrais la nature à chaque fois. « Tant de poésie dans tes paroles aujourd'hui », que tu commentas dans une esquisse, ravie tout de même de la voir ainsi et de savoir que l'air lui faisait du bien. La nature aussi. « Pardon ? », lâchas-tu à ses paroles, les sourcils levés, le visage se tournant vers elle. Comment ça, la porter sur ton dos ? Tu restas muette un instant, avant de baisser les épaules dans un air bougon. « Dans ce cas t'as prévu de finir avec des bleus, toi », elle aimait vivre dangereusement apparemment. Tu plissas le nez, amusée, lâchant un rire léger. « Le seul sac que je porte c'est celui-ci. On m'a jamais parlé de sac à patates que je devais traîner sur le trajet », soulevas-tu dans une frimousse taquine mais innocente, le sourire faiblement posé sur ta bouche. Tu papillonnas des cils telle une biche insouciante avant de rire un peu plus fort. « Mais promis t'es mon sac à patates préféré », quel compliment, merci Yujin. Tu ris à nouveau, la tête basculée en arrière alors que tu avançais. « Allez, le lac n'est pas loin. Tu pourras bientôt te baigner et profiter de la fraîcheur de l'eau. Et apparemment l'eau y est hyper claire, et douce. J'ai entendu que de bonnes choses à propos du coin. Ce sera reposant de se baigner au milieu de la nature », avec le chant des oiseaux, le bruit du vent, de l'eau, des arbres. Juste vous, et les couleurs explosives tout autour. Juste vous, et le calme. « Ca grimpe un peu encore », dis-tu, tournant un peu le visage vers elle, le sourire fin. « Et attention là ça glisse », tu indiquas un endroit au sol.

La qualité n’était pas la même, soit. Mais ça aurait été mieux que rien comme on dit ! Byeol n’ayant pas de passion particulière pour la photo, elle ne se baladait pas avec un appareil photo dans la poche. Au moins pouvait-elle compter sur son amie pour relever le niveau, et en plus de la qualité, sans doute lui ferait-elle de superbes clichés. Elle ne l’embêterait donc pas trop en se moquant de son matériel. « Yah, te moque pas ! Je ne compte pas suer mais je me connais, et tu sais que je ne supporte absolument pas la chaleur. » Au point de s’évanouir souvent sans crier gare. Quant à être reniée, disons que c’était plutôt elle qui ne voulait pas s’afficher au bout de sa vie, l’habitude d’être toujours belle et élégante la poursuivant comme une ombre. « Une séance lecture sous la clim ? C’est un sport ça ? Et on perd combien de calories la demi-heure, madame l’experte ? J’avoue que ça m’intéresse beaucoup. » Assortissant la blague d’un tirage de langue enfantin avant d’hocher la tête, approuvant. Ceux après la baignade seraient sans doute les plus réussis. « Ça dépanne sans doute mais la plupart sont bondées et je ne peux pas camoufler mon visage dans l’eau alors… A moins de réserver une piscine privée à l'hôtel, je n’en vois pas trop la couleur. » C’était assez triste comme constat, bien que dit sur le ton de la blague, les années l’ayant forgée. Elle y était tristement habituée. Et elle détestait s’apitoyer sur elle-même, prenant tout avec le sourire, ses lèvres s’ourlant de malice. « J’ai toujours eu l’âme d’une poète, je ne vois pas de quoi tu parles. » Et les plus belles poésies qu’elle déclamait… C’était sûrement les paroles des chansons d’Aurora, qu’elle n’avait jamais écrites jusqu’alors, soit dit en passant. Mais on passerait ce détail sous silence, évidemment. « Hm ? Tu commences déjà à devenir sourde à ton âge ? » demande-t-elle taquine après son pardon. « Oh non, ne t’en fais pas, je ne compte nullement avoir des bleus, mais c’est gentil de t’en inquiéter. » poursuit-elle en hochant de la tête très sérieuse, son jeu d’acteur ressortant mais peinant à y camoufler la lueur de malice pétillant dans ses iris. La fierté ne maquille toutefois pas ses traits très longtemps lorsqu’elle entend la suite, sa bouche formant un o parfait tandis qu’une main vient se poser sur son cœur, savant mélange d’outrage et de drama. « De patates ?? » ne peut-elle s’empêcher de répéter, feignant d’être soufflée. « De plumes tu veux dire. De fleurs même. Tu avais tout un monde qui s’ouvrait à toi, mais tu me traites de patates ? » Ces légumes terreux et difformes qui pesaient une tonne. Diffamation. « Ah parce qu’en plus je ne suis pas unique ? Honteux Yujin, honteux. » Secouant la tête vigoureusement et faisant la sourde oreille quand à la suite. Elle croyait pouvoir la perdre en parlant de la qualité de l’eau ? Et bien… ça marchait, reprenant sa marche en suivant ses instructions, bien que fronçant le nez face aux légères moqueries. « C’est ça, moque toi, mais je t’aurais prévenue. » Que c’était sur son dos qu’elle finirait par grimper. S’arrêtant finalement quelques pas après la zone glissante, sur une petite parcelle plate avec un arbre gigantesque -peut-être bien centenaire- dans son dos. « Pause photo ! Voyons si ton appareil est si bien que ça. » Se délestant de son sac à côté d’une grosse pierre et venant poser à côté de l’arbre comme une pro.

La narguant d'un rire discret, tu haussas les épaules pour mimer un air tout bonnement innocent, le regard se perdant directement sur la nature ensuite, comme si tu souhaitais appuyer sur ton insouciance. « Je sais je sais », dis-tu simplement, le coin des lèvres faiblement relevé. Tu lui offris tout de même un sourire réconfortant, comme la promesse silencieuse de prendre soin d'elle et d'écarter la chaleur de sa peau. Encore une fois, tu levas les épaules, le nez faiblement retroussé. « C'était juste pour dire que c'était normal de transpirer vu ce qu'on faisait », précisas-tu. Vous n'étiez pas en train de vous prélasser, vous bougiez, grimpiez... forcément, vous allez transpirer. Si vous étiez sous la clim, non, vous n'auriez pas ce souci-là. Hors ce n'était pas du tout. Et bien que l'air naturel soit plus agréable il était aussi un peu plus chaud par endroits, et par moments. « C'est pas faux », tu penchas un peu le visage d'un côté puis de l'autre. « L'idée de réserver la piscine à l'hôtel est pas mauvaise », admis-tu dans une esquisse, le sourcil faiblement haussé. Pourquoi pas, te dis-tu. La prochaine fois. Même si tu devais venir seule. Enfin, en soit, tu préférais faire de la randonnée, mais se baigner de temps en temps, c'était pas mal. Surtout si le temps ne se prêtait pas à la marche. « Oui, pardon. Excusez-moi », tu fis même la révérence dans un rire discret, ne voulant froisser la poète qui se trouvait à tes côtés. « T'as déjà besoin qu'on te porte à ton âge ? », rétorquas-tu dans un sourire, le sourcil haussé et l'air malicieux. « C'est normal », soufflas-tu simplement, secouant le visage, amusé. Tu levas les yeux au ciel ensuite, ne pouvant cependant empêcher ce sourire de décorer ta bouche. « Dramaqueen », commentas-tu, lui lançant un regard en pouffant discrètement. « C'est pas moi qui aies inventé l'expression », tu te dédouanais de tous les soucis de cette façon, levant les mains pour prouver ton innocence. « T'es le plus beau sac à patates de l'univers. Le seul qu'on ait jamais connu ! », c'était très gentil. Tu retroussas le nez, amusée. « Ca va, tu sais que t'es ma préférée », soufflas-tu dans un sourire. « Oui oui », chuchotas-tu, bougeant le visage pour approuver. Elle t'avait prévenue, et elle te le répétera assez si jamais. Enfin tu supposais. Continuant tranquillement, tu observais le décor t'entourant, le regard pétillant. Un spectacle que tu ne te lasseras jamais de voir et d'observer. Cette nature te parlait. Te chantait. Des mots tendres et des poèmes apaisants. C'était tellement agréable. Clignant des paupières, tu tournas les pupilles vers Byeol, hochant le visage ensuite, attrapant ton appareil photo. « Tu vas voir, la qualité est vraiment parfaite. Tu vas apparaître encore plus belle que belle », comme si c'était possible. Tu lui offris un clin d’œil avant de prendre quelques clichés, ajustant parfois quelques réglages, testant avant tout. Puis tu t'approchas d'elle, lui montrant le résultat. « Je dois avouer que le modèle est parfait, ça aide beaucoup », tu mimas un petit air taquin, le nez faiblement froncé. « Dis ouistiti », lâchas-tu avant de vous prendre en photo et de rire juste après. « Allez, on y est presque. J'ai vraiment hâte de découvrir le lac et de le prendre en photo. J'espère que j'arriverais à capturer sa beauté et ses couleurs », dis-tu, rêveuse, reprenant la route, le sourire fin aux lèvres. « Je crois même qu'on verra une sirène ! », lanças-tu après un court silence dans un rire bruyant.

Evidemment, que c’était normal de transpirer ! Ca n’en rendait pas la chose plus belle ou olfactivement correcte, malheureusement. Certains trouvaient même cela honteux, et force était de constater que certains se moquaient encore de ce genre de comportement naturel du corps. Il y avait des abrutis partout comme qui dirait, et si Byeol essayait de ne pas trop se laisser influencer, elle préférait néanmoins s’épargner de lire quelques commentaires désobligeants. Juste au cas où. « Me voilà accablée… tu me faisais miroiter il y a pas deux minutes une perte de gras par la lecture et l’air climatisé, et tout n’était que mensonge !! Pauvre de moi. » La main sur le cœur et la larmichette à l'œil, soupirant en pauvre âme éplorée. « Mais va pour la piscine, on se fera ça une prochaine fois. » Comme quoi… Le drame partait aussi vite que la consolation arrivait. C’est qu’elle n’était pas bien compliquée, au fond, la demoiselle ! Encore moins quand tout cela n’était que purement du cinéma. « Eh, tu sais, la trentaine approche… ça va bientôt devenir compliqué pour mes os, tout ça… » Quatre ans, c’était vite passé ! Elle était sûre que rien qu’en grimpant elle en prenait deux dans la poire ! C’est d’ailleurs bien pour ça qu’elle l’affubla d’un surnom mérité, ne prenant même pas la peine de feindre l’outrage et préférant lui offrir une révérence improvisée. Dramaqueen, ça lui allait bien. Surtout en sa compagnie. « Si t’as jamais connu de sac à patates, je crains devoir t’apprendre que tu es inculte… » Sa réponse légèrement plus basse et le regard faussement désolé, lui tapotant l’épaule pour appuyer ses dires. « Mais j’espère bien que je serais la première de ton cœur, oui ! Le contraire serait trop dur à encaisser. » Non, vraiment… Avec Yujin, elle ne savait pas se prendre au sérieux, c’en était consternant ! Heureusement, la vision de cet arbre majestueux l’arrête un tant soit peu dans sa connerie légendaire, préférant s’arrêter un peu pour reprendre son souffle et donner du contenu à instagram. Ne jamais sous-estimer le pouvoir des réseaux sociaux ! « Attention à ce que tu dis, si je ne suis pas plus belle que belle, je demanderai remboursement ! » De quelque chose qu’elle n’avait même pas payé ? Tout à fait ! Ça ne l’empêche pas de poser en envoyant des cœurs, faisant un clin d'œil, poquant sa joue et affichant un v vainqueur. Le métier qui ressortait à toute heure et dans toute conversation ! « Ah donc le secret ne vient pas de l’appareil mais de moi, en fait ! » Riant idiotement avant de lever les mains en l’air comme se rendant. « Ok, ok, ton appareil est parfait. » Tout comme la mannequin, évidemment. Reprenant la pause avec sa comparse et venant embrasser sa joue pour un meilleur rendu avant de se remettre en marche. « Je pense qu’on ne sera jamais aussi apaisé en photo qu’en étant vraiment devant mais je ne doute pas que tu capteras sa majesté ! » Le temps était qui plus est ensoleillé, alors sans doute aurait-elle un merveilleux reflet de la flore sur l’étendue aqueuse pour couronner le tableau. Ainsi que des sirènes, oui, effectivement, riant en écho avant de reprendre. « Deux, tu veux dire ! Désolée de t’apprendre que je ne plongerai pas seule ! » Elle s’assurerait toutefois qu’elle avait posé son sac et son appareil photo avant de la jeter dans l’eau. Les pas s’enchainant dans la bonne humeur tant et si bien qu’elle furent rapidement en haut, apercevant désormais le lac en contrebas, la vue imprenable la faisant siffler. « Et bah ! Je crois qu’on nous a volé le spotlight, adieu Byeol et Yujin vedettes ! » Elle ne pouvait réaliser avec ce petit carré de paradis. Elle n'en avait à dire vrai, même pas envie !

Clignant des paupières dans un air penaud, tu ouvris la bouche pour la refermer, secouant simplement le visage dans une esquisse amusée. Tu mimas ensuite un air attendri, tes doigts venant menacer ses joues de les pincer. « Pauvre enfant », commentas-tu doucement dans un rire léger. « Désolée de briser tes rêves. Ca aurait été trop beau, en plus », tu haussas un peu les épaules, amusée, venant tapoter son dos pour la réconforter de... de tout ça. « Ce sera sympa », tu souris, contentée, presque impatience à l'idée de pouvoir te rendre à la piscine avec Byeol. Tu ne voyais que la détente et le rire. Que des moments avec elle, de toute façon. « Je dois t'appeler Mamie alors ? », demandas-tu, le nez relevé avant de rire, la tête basculée en arrière. « Il est vrai que t'y arriveras avant moi cela dit », ajoutas-tu dans une brève réflexion, l'index sur le menton. « Tu me diras ce que ça fait, que je me prépare », la main sur le cœur, tu fis mine d'être totalement perturbée par ça, arriver au cap des trente ans. Mais tu t'en fichais, c'était naturel. C'était la vie. Et c'était une bonne chose d'y arriver, ça prouvait que t'étais encore là. Encore en vie. « J'en ai vu des sacs à patates » et c'était elle le plus joli d'entre tous ! C'était un chouette compliment ça non ? Non. Tu la taquinais, c'était tout. « Évidemment. Toujours. Ta place est gravée là, t'as la numéro 1. Premier rang, premier siège », la main à nouveau sur le cœur, tu tapotas l'endroit dans un petit rire. T'espérais que le concert de tes battements lui plaisait sinon ce serait gênant. « Tu es toujours plus belle que belle Byeol », la rassuras-tu doucement, secouant le visage dans un sourire, attendri. « T'as tout compris », tu ris quelque peu avant de bouger la tête, les sourcils froncés. Ton appareil était le meilleur – et bon, oui, la beauté de Byeol aidait à rendre le tout très joli. Et justement ton appareil lui faisait honneur, cqfd, c'était le meilleur. Un bruit amusé dans la gorge alors qu'elle t'embrassait la joue, tu fermas les yeux bêtement, riant un peu plus en le remarquant. « Je vais essayer », que tu dis, comme une promesse muette. Tu voulais toujours capturer la nature comme elle l'était : magnifique. Mais la photo ne faisait rarement honneur à sa beauté. « Ah bon », que tu dis simplement dans un petit sourire. « Deux sirènes alors... je voulais être une sirène, petite, en plus », confias-tu avant de pouffer à ta propre bêtise. Tu continuas tranquillement le chemin, époustouflée par la beauté de la nature, arrivant enfin au lieu désiré. Et ton sourire grandit en découvrant le tableau que le lieu offrait. C'était splendide. Mieux que ça. « On nous a volé la place », commentas-tu à ton tour en hochant quelque peu la tête, le regard glissant sur les couleurs, les courbes, les formes, la nature. « C'est merveilleux. On dirait... on dirait la scène d'un film », car tout était parfait. Aucun défaut ne semblait se glisser là. Et sans attendre, tu posas ton sac au sol, avançant un peu pour prendre plusieurs clichés, recommençant à plusieurs reprises car tu n'avais pas l'impression de capturer toute la beauté de l'endroit. « Tu veux que je te prenne en photo quand tu fais la sirène ? », demandas-tu, désignant le lac. Tu pris encore quelques clichés, en montrant quelques uns à Byeol au passage. « Allez, à l'eau Ariel, Polochon t'attend ! », lanças-tu dans un rire, l'appareil levé, prête à prendre d'autres clichés.

Mamie ? Mamie, sérieusement ?? « Yah, d’abord dramaqueen, maintenant mamie… suis-je à ce point ta muse pour que les surnoms fleurissent à ma simple vue ? » Bon, ok, aucun des deux n’était très flatteur, mais et alors ? Elle en venait à embellir les noms eux-mêmes, c’était là toute la magie de la chose ! L’affront suivant, en revanche, ne passerait pas !! « Comment ça, avant toi ? Je suis de juin et toi de février, tu veux leurrer qui, là ? » Le nez froncé, feignant de bouder avant qu’un sourire mutin n'éjecte la mimique. « C’est vrai qu’atteindre la trentaine le jour de la st valentin, je ne voudrais pas non plus. » Le tue-l’amour !! Déjà qu’il y a peu, on avait eu l’audace de parler de ses rides !! Jinwoo ne tenait clairement pas à la vie. Ou alors, il jouait un peu trop de son totem d’immunité, elle allait devoir y remédier. « Bref, tu me téléphoneras entre deux carrés de chocolat -parce qu’il faut bien noyer son chagrin- pour me dire comment tu te sens. » Qui cherchait trouvait, pas vrai ? Lui offrant en guise de dernière volonté un baiser dans les airs avant de continuer à grimper. Si le sac à patates n’était pas plus glorieux, l’entendre dire qu’elle était première dans son cœur, même s’il s’agissait là d’une blague eu le don d’adoucir ses traits. A croire que ça aussi, ça la renvoyait à une autre discussion. Au moins Yujin l’avouait sans détour, elle. Et c’était tout ce qui comptait, profitant de leur rapide pause photo au maximum, en bonne petite vieille qu’elle était, avant de repartir de plus belle. Au moins en voyait-elle presque le bout !! « Ah bon ? Tu ne me l’avais jamais dit ! Mais soit, c’est le moment de réaliser ton rêve. Tu vois, que des points positifs. » Non, ça ne partait pas du tout du fait qu’au départ, elle comptait la jeter dans le lac sans autorisation. Absolument pas. Et même si c’était le cas, c’était de toute évidence oublié face à la beauté du tableau qui se dévoilait face à elle, rallumant l’étincelle dans leurs orbes fatiguées. « Un film ? Et bien… pour une fois qu’il n’y a pas de caméras, tu en redemandes ! Mais oui… à croire que photoshop ne fait pas tout. » Il aurait été même incapable de parfaire quelconque image actuellement, finissant de descendre la pente pour arriver au pied de l’étendue aqueuse. « Parce que tu veux vraiment que je nage comme une sirène ? » réplique-t-elle en riant à demi, la poitrine se soulevant de concert. « Plus sérieusement, on prendra des photos dans l’eau, oui. Mais profite déjà toi aussi ! On s'inquiètera de ça après. » Lui souriant tendrement avant d’hocher de la tête en regardant ses clichés. « Vraiment pas mal, cet appareil photo ! » Ok promis, elle arrêtait. Riant de plus belle alors qu’elle s’éloignait quelque peu pour poser ses affaires, prendre une ou deux goulées d’eau et enlever ses vêtements pour se retrouver en maillot. « C’est toi Polochon, alors ramène ta fraise ! » Lui tirant la langue comme une gamine avant d’aller tremper ses pieds doucement. « C’est que l’eau est bonne, en plus ! Allez miss Polochon, c’est maintenant ou jamais ! Après je devrais troquer ma queue pour rejoindre mon Eric imaginaire… » Pas si imaginaire que ça, mais le déni avait toujours fait partie de sa vie. Pourquoi changer maintenant ?

« On dirait bien que oui, regarde comme les surnoms pleuvent sur mes lèvres », affirmas-tu dans un air poétique, les phalanges dansant autour de ton visage, un petit sourire fripon décorant ta bouche. N'étais-tu pas gentille et généreuse de lui trouver un nouveau surnom à chaque pas ? Tu ris quelque peu, amusée. « Mince, je pensais que ça allait passer », fis-tu, faussement embêtée, le poing frappant le vide alors que tu secouais le visage. « Ah bon ? Pourquoi ? », demandas-tu, le sourcil levé, un brin amusé tout de même. Ca te dérangeait pas, dans le fond. Tu te fichais bien des chiffres, de ton âge. Le plus important était de rester jeune dans sa tête, d'être en phase avec soi-même. Que les autres te considèrent comme vieille ou non ça allait pas t'empêcher de respirer. Ca allait pas t'empêcher de vivre et de profiter. Pour certain.e.s, votre âge était déjà vieux, pour d'autres c'était à peine le début. Tout dépendait toujours d'une question de point de vue – et pour le coup, tu supposais que ton point de vue était le plus important. « Evidemment. Tu seras la première que j’appellerais », affirmas-tu dans un petit mouvement du visage, le sourire fin inscrit sur la bouche. Tu préférais l'embêter en la comparant à un sac à patates. Enfin pas n'importe lequel cela dit. Le plus beau, le plus joli, le plus doux – bref le meilleur sac à patates au monde. Non. De l'univers ! T'y allais fort dans les compliments, tu le savais mais tu savais pas doser pour les personnes chères à ton cœur. Tu savais surtout que c'était pas Byeol qui allait se vexer au point de ne plus te parler. Puis c'était assez amusant de la taquiner, t'aimais voir ses réactions et surtout ses expressions. « Ah bon ? Je pensais l'avoir déjà évoqué », tu ris quelque peu. « Toujours des points positifs avec toi », lanças-tu, clin d’œil à l'appui et sourire, vers elle avant qu'un rire ne vienne vibrer dans ta gorge. Un simple sourire aux lèvres, tu approuvas d'un signe de tête ses paroles. Les logiciels de retouche photo étaient pratiques mais ils ne pouvaient créer de spectacles aussi merveilleux que ceux que tu découvrais à chaque fois. La nature avait un secret, son secret, et il était impossible de le trouver encore moins de le reproduire. « Bah oui ? », tu clignas des paupières, moue insouciante au visage. « Je profite t'en fais pas. Rien qu'en regardant je profite », t'avais pas besoin de plus. Tu ris quelque peu avant de lui tirer la langue – ton appareil photo était parfait en tout point. Tu l'observas faire, réglant quelques paramètres sur ton appareil, prenant quelques clichés à la volée avant de te changer à ton tour. « Il est mignon Polochon », articulas-tu, avançant doucement vers l'eau. « Tu perdras ta voix alors », tu t'avanças un peu plus dans l'eau, passant tes paumes sur la surface dans un sourire satisfait. « Et franchement ce serait triste de ne plus t'entendre. Parler et chanter », précisas-tu. « Le plus triste ce serait de ne plus t'entendre rire, en vrai », affirmas-tu, songeuse, commençant à nager lentement tout en observant le décor autour de vous. C'était vraiment fantastique. Tu ne trouvais pas de mots assez forts pour décrire la beauté qui vous entourait. « Tu crois qu'il y a de gros poissons ici ? », demandas-tu soudainement, nageant quelques mètres sur le dos. « Peut-être qu'on va croiser un spécimen rare. Un poisson jamais vu ailleurs », dans les films ça se passait pas trop bien, cela dit. « Ca fait tellement de bien », soufflas-tu dans un air satisfait, t'arrêtant près d'elle pour l'asperger à peine.