better with you (ft. soona ♥)

Ses vêtements lui collent au corps. La tenue dont il est affublé ne ressemble que peu aux vêtements oversize dans lesquels Nayung a l’habitude de le voir : et pour bonne raison. S’il se présentait de cette façon devant ses parents, il n’en entendrait pas la fin : se trouvant certes plus normal avec la tenue qu’il porte à présent, mais beaucoup trop mal à l’aise à son goût. Une légère moue sur le visage, alors qu’il attend Nayung sur le pas de la demeure familiale, derrière la grande grille qui s’élève à la fin du chemin qui mène jusqu’à la grande bâtisse. Il n’était pas obligé de marcher jusque là : puisqu’ils auront à faire le chemin jusqu’à la porte d’entrée une fois que Nayung sera arrivée… mais qu’importe. Chulsoo ne manquera jamais une occasion de s’arracher à ses parents d’amour : et c’est bien leurs critiques incessantes qu’il a quitté en sortant rapidement de la maison, prenant une bouffée d’air frais et marchant pour se remettre les idées en place.

Quand Nayung sera là, ils seront plus gentils. Il n’y aura pas quelque chose qui ne va pas avec littéralement chaque partie de lui. Ou est-ce qu’ils continueront ? Il n’en sait absolument rien : puisque c’est là la première fois qu’il invite une « petite amie » à la maison, comme sa mère ne s’est pas empêché de lui faire remarquer. Le regard suspicieux, il l’avait noté au fond de ses yeux : elle n’y croyait pas. Sous couvert de rire, Chulsoo les avait même entendu parier sur le temps que ça prendrait avant qu’il ne vienne leur annoncer qu’elle avait eu un problème et ne viendrait pas : ne prenant cette idée de « petite amie » guère au sérieux malgré les photos calculées qu’il leur avait envoyé et qu’il avait pris avec Nayung. Alors quand seraient-ils satisfaits ? Jamais ? C’était ce qu’il allait finir par croire : l’anxiété présente d’imaginer que tout son plan ne ferait rien pour faire baisser l’affreux sentiment que leurs paroles et leurs réflexions lui infligeaient. Serait-il jamais libéré ?

Appuyé contre le portail, Chulsoo prend de grandes inspirations. Il ne se sent jamais autant étouffer qu’ici : l’oubliant à chaque fois et remerciant le ciel d’avoir réussi à les convaincre de déménager quelques années plus tôt pour habiter tout seul, ou sinon il n’aurait jamais survécu. Bien que la solitude de son appartement soit parfois pesante, elle n’est que répit face aux cancaneries incessantes de la maison Nam. Il espère juste… prie silencieusement pour que ses parents se tiennent assez et ne fassent pas subir à Nayung le même supplice qu’à lui : apercevant la voiture qui l’amène s’approcher du portail et sa silhouette bientôt émerger. Laissant un doux soupir lui échapper, un sourire pointe le nez au coin de ses lèvres, son apparition servant à détendre chacun de ses muscles. Elle est là. Il se sent déjà un peu plus fort à l’idée de remonter et d’entrer dans la maison si Nayung est à ses côtés.

« Nayung ! » lance Chulsoo avec excitation en s’approchant, refermant la porte du taxi derrière elle et observant un instant la voiture s’éloigner. Il ne sait pas vraiment comment la saluer. L’observant en papillonnant des paupières un moment avant de laisser un petit rire gêné lui échapper. « Tu… tu es prête ? » Parce qu’il lui a bien envoyé la veille des SMS de la taille d’une correspondance entre deux amants éperdus pendant des années : une liste de tout ce qu’il faut faire, ne pas faire, des détails sur ses parents, et tout ce dont elle aurait besoin de savoir pour être préparée psychologiquement à l’aventure. Ou peut-être en a-t-il trop fait ?… Sûrement. Mais c’est normal pour tout anxieux d’un peu trop se préparer. « Tu ne l’es sûrement pas. » souffle-t-il en laissant un rire nerveux lui échapper, son regard pris de frayeur se redressant pour se poser vers la maison qu’ils aperçoivent au loin. Il ne sait même pas pourquoi il a honte même de ce bâtiment. Voyant dans cette affluence qu’ils exhibent quelque chose d’arrogant : car eux le sont, réellement. « Tu es... » cligne-t-il des yeux en reportant son attention sur elle, un petit sourire étirant ses lèvres. « Magnifique. » susurre-t-il. Un peu trop. Ses parents le lui ont dit. Ce n’est pas réaliste qu’une femme comme elle soit avec lui. « Je n’ai pas envie d’y aller. Pas tout de suite. On peut fuir ? Tu ne peux pas me kidnapper ? Je suis sûr qu’ils ne s’embêteraient même pas pour payer la rançon et peut-être qu’ils accepteraient juste que je... » commence-t-il à lancer en parlant à toute vitesse, accrochant ses dents à sa lèvre avant de pousser un soupir. « Annuler. On peut toujours annuler, on peut toujours... » marmonne-t-il en hochant de la tête pour lui même, serrant les doigts nerveusement contre son pantalon, « … non ? » finit-il par lancer en direction de Nayung, plongeant son regard de biche anxieuse dans le sien.

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Avoir un copain, c’était déjà peu commun pour elle, mais alors, rencontrer ses parents… Ça relevait d’un tout autre niveau. Du genre encore jamais atteint, comme s’il s’agissait de quelconque boss de jeu vidéo. Et elle n’était pas sûre d’y être bien prête. Pas parce qu’elle était intimidée, après tout, elle les connaissait, même si elle ne les amait pas beaucoup. Pas parce qu’elle avait peur de ne pas plaire, elle s’en foutait royalement, n’ayant jamais changé pour qui que ce soit et le fait que Chulsoo l’accepte lui suffisant amplement. Mais bien parce que tout ça n’était qu’une horrible mascarade et si faire des photos ou jouer au couple à deux était amusant, mentir l’était moins. Et elle espérait sincèrement, quelque part, qu’il arrive à parler à ses parents. Parce que c’était ce qu’elle lui avait demandé en acceptant.

Mais pas aujourd’hui.
Aujourd’hui… La vérité attendrait.
On leur servirait un tout autre menu.

Et puisqu’elle devait jouer à la belle fille d’une famille aisée, elle avait daigné faire attention à sa tenue. Quelque chose de classe, parce que ses parents étaient exigeants. Même si court, l’âme rebelle déteignant. Aider c’était bien. S’oublier, ça n’entrait pas dans l’équation. La constante de cette dernière restait néanmoins l’engouement qu’elle avait à l’idée de voir Chulsoo. Et sûrement était-il le seul à pouvoir lui faire faire pareille idiotie, au fond. Le sourire tendre s’épanouissant sur ses lippes alors qu’elle descendait du taxi. La galanterie mise à part, depuis quand la saluait-il aussi étrangement ? Pourquoi ce rire gêné ? Haussant un sourcil face à son interrogation avant de soupirer, faisant visiblement question et réponse. « Je suis plus que prête, ne t’en fais pas. » Plus que jamais même, au vu du roman épistolaire qu’il lui avait pondu. Ou était-ce une saga de plus de dix tomes ? C’était plutôt lui qui semblait sur le point de rompre, se décidant à faire quelque chose pour détendre ce tas de nerf.

« Merci, toi aussi. » Le costume lui allait bien. La taille aussi. « J’étais sûre que ce genre de fringues t’iraient beaucoup mieux. Ça met en valeur tes épaules et tes fesses, c’est une honte de ne pas l’avoir fait plus tôt. » Ne se départissant jamais de sa franchise et lui attrapant le bras pour s’y pendre comme toute petite amie le ferait, entrant avec un naturel étonnant dans son rôle. Et si jamais l’impression est donnée de tâter un peu trop ledit bras, ce ne serait que pure délire de l’imagination, évidemment ! Mais il semble être à des lieux de ce genre de tracas, commençant à délirer et vouloir prendre ses jambes à son cou quand il l’avait entraînée dans toute cette histoire. Secouant énergiquement la tête de gauche à droite à la fin de son monologue, ses boucles brunes naviguant dans les cieux avant que son doigt ne vienne se poser sur des lèvres qu’elle remarquait aujourd’hui pulpeuse. Décidément, elle allait de découverte en découverte. « Je te kidnapperai un autre jour, aujourd’hui, tu lèves le menton et te vantes d’avoir une copine aussi belle et talentueuse que moi, ok ? » Ne ressentant absolument aucune gêne à se décrire ainsi, l’esquisse de ses lippes à la fois confiante et rieuse.

« Tu me fais confiance, non ? » Sans quoi, rien de tout cela ne serait possible, captant alors qu’ils arrivaient en dessous des fenêtres de la demeure le regard de la matrone et s’arrêtant avec naturel pour se placer face à lui et l’enlacer tendrement. « Ta mère nous regarde » susurre-t-elle à son oreille, restant ainsi de longues secondes avant de se détacher juste assez pour plonger son regard dans le sien. « Tu as mis du parfum ? Tu sens vraiment bon. » Incapable de ne pas être sincère malgré sa timidité et espérant que cela lui donnerait un tant soit peu confiance en lui. Sa main se relevant en direction de son visage où ses doigts fins viennent en caresser le grain amoureusement. « Tout va bien se passer. Je suis là, et je resterai à tes côtés. » Lui souriant de plus belle avant de déposer un baiser léger sur sa joue et souffler au passage un « prêt ? » n’attendant aucune réponse, le tirant à sa suite vers la porte d’entrée.

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Clairement. C’est le mot qui lui vient lorsque Nayung lui annonce qu’elle est prête. Cela ne fait aucun doute aux yeux de Chulsoo : d’eux deux, le plus angoissé, c’est lui. Peut-être le seul stressé même, habitué à l’agréable nonchalance de son amie qui s’était toujours retrouvée un pilier là où ses pensées s’éparpillaient trop. Acquiesçant légèrement et pinçant les lèvres, Chulsoo pousse un énième soupir, pour expirer le reste d’air resté coincé dans sa poitrine. Peut-être que s’il le fait assez, il aura assez de place pour respirer à un moment, non ? Son corps semble pourtant lui indiquer le contraire : ses voies respiratoires se refermant un peu plus les minutes passantes.

Il est ramené sur terre par la mention de ses fesses, frémissant légèrement et ses yeux s’écarquillant de la voir aborder le sujet si naturellement, comme si elle ne l’avait pas déjà fait tant de fois auparavant. Le rouge montant pour colorer les pointes de ses joues tandis que son visage vient se secouer de droite à gauche à une vitesse impressionnante. « ça met en valeur quoi… Tu… Qu’est-ce que tu... » balbutie-t-il avant de se laisser kidnapper le bras, les paupières papillonnant tandis que son corps se met de lui même en route vers la maison. Quoi… ils y vont déjà ? C’est bon, c’est maintenant ? Essayant de tirer sur le bras de Nayung pendant qu’ils avancent pour tenter de les ralentir : mais ayant l’impression que cela ne fait rien pour changer leur allure. Avanceraient-ils même plus vite ?… Ou n’est-ce que son esprit qui lui joue des tours ? Nayung ne voudrait pas le jeter dans la fosse aux lions aussi directement, si ?… « Lever le menton ? Me vanter ?... » lance-t-il abasourdi, imaginant bien être fier d’avoir Nayung, certes, mais s’imaginant mal avoir ce genre de comportement, quand la question vient résonner dans son cœur.

Lui fait-il confiance ? Un regard peiné s’accrochant au sien un instant, sûrement trop rapide pour qu’elle ne puisse le capter. Sûrement ne fait-il confiance à personne de plus qu’elle en ce monde : c’est ce qu’il aimerait susurrer du bout des lèvres lorsque le corps de Nayung se rapproche du sien. Chulsoo se fige un instant. Ses paupières papillonnent et il accuse de la merveilleuse sensation : cette chaleur contre son corps, son odeur qui vient chatouiller jusqu’au plus profond de ses narines. Gardant les bras en l’air et l’expression choquée, avant d’entendre le chuchotement contre son oreille. S’il devait être excité par un mot ce n’est pas celui-ci : son corps refroidissant directement à l’évocation de sa chère mère. Il se laisse faire avant que leurs regards ne se rencontrent à nouveau. « Je-je... » balbutie-t-il en clignant des yeux, trop proche du visage de Nayung à son goût, déglutissant difficilement. « Du… non… Oui ? Peut-être, je, ne me, je crois, j’ai... » balbutie-t-il avant de s’arrêter tout court lorsque la main de Nayung vient frôler la peau rasée de son visage. Une certaine douceur peinée passant dans son regard brillant, fondant contre son contact et ses attentions. Son cœur bat si vite. S’il n’était pas déjà amoureux, sûrement serait-il tombé à cet instant précis.

« Moi aussi. » répond-il automatiquement, avant de se reprendre. Secouer rapidement la tête et se souvenir de ce que Nayung a dit. Elle ne lui a pas fait de déclaration d’amour, elle a juste dit… Qu’a-t-elle dit, déjà ? S’il est prêt ? « N-... » commence-t-il avant de se laisser tirer, la grande porte poussée et leurs deux corps se présentant dans le hall d’entrée. Chulsoo cligne des yeux. Calmons nous. Heureusement, il n’a pas besoin d’attendre bien longtemps avant que… « Ah. Enfin. » souffle sa mère en arrivant dans le hall, suivie derrière elle de son père. Mr Nam pose un regard désintéressé sur Nayung et sur Chulsoo avant de pousser un soupir et de reporter son attention sur son téléphone. Sa mère, elle, n’attend aucunement pour parler. Si une voix domine les conversations, c’est toujours la sienne. « Nayung. » lance-t-elle avec un faux sourire en venant la regarder des pieds à la tête, un léger rire hypocrite s’échappant de ses lèvres. « ça fait tellement longtemps que je ne t’ai pas vue. En vérité, j’ai presque cru que je n’aurais pas non plus l’honneur de te voir ce soir... » lance-t-elle faussement amicale, avant de se tourner vers Chulsoo. « Redresse toi. » lui intime-t-elle, le jeune homme suivant ses ordres immédiatement. Le sourire absent reprend place lorsqu’elle reporte son attention sur Nayung. « Nous allons bientôt manger, mais en attendant, tu peux faire la visite à Nayung, lui montrer où elle va dormir... » Les paupières de Chulsoo papillonnent. Dor- dormir ? Il ouvre les lèvres et les referme immédiatement, sachant que la décision de sa mère prise il est difficile de la contester, trop effrayé d’empirer les choses rien qu’en exprimant sa surprise. Son corps se raidissant alors qu’elle s’échappe à eux et que, dès sa silhouette échappée à la pièce, il s’autorise finalement à souffler. « Mon dieu, j’ai... » lance-t-il avant de se reprendre, se rappelant que Nayung est là. Il a honte. Tout autant est-il rassuré que Nayung soit là avec lui, tout autant supporte-t-il mal le fait qu’elle puisse assister à leurs rapports et la façon dont il panique face à ses parents. « Tu… On va trouver une excuse... » commence-t-il à balbutier, paniquant déjà d’imaginer ce que ça serait si Nayung devrait vraiment dormir ici. Surtout qu’à avoir vu sa mère, il doute qu’elle la laisse dormir dans la chambre d’amies. Non, elle insisterait probablement pour que… Et ce serait naturel, non ? Ils sont- ils sont censés, ils sont- « Ah... » souffle Chulsoo en sentant sa respiration s’accélérer et le cœur partir en trombe dans sa poitrine. S’appuyant contre la rambarde de l’escalier qui fait à l’entrée, il tente de reprendre son souffle. « Je ne vais pas y arriver... » avoue-t-il faiblement en regardant le marbre de l’escalier, honteux de se montrer à Nayung dans cet état.

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Si la situation était bien différente de leurs sorties d’accoutumée, une chose pourtant n'avait guère changée. Il bégayait toujours autant. Et elle ne savait pourquoi, Nayung avait toujours trouvé ça affreusement attendrissant. Si d’ordinaire elle l’aurait embêté sur sa difficulté à répondre et se serait joué de sa timidité, avec modération évidemment, aujourd’hui elle tentait de réfréner ses pulsions à son égard, le sentant trop tendu pour tout encaisser. Et à raison : lui et sa famille, ça n’avait jamais été l’amour fou. Ca ressemblait même plus à la guerre froide.

Et elle avait peur que sous le regard aiguisé de la matronne, son mensonge fonde comme neige au soleil.

Les croirait-elle quand il se voyait incapable de lui rendre son étreinte ou répondre à une simple question sur son parfum ? Après tout, Chulsoo restait Chulsoo, non ? Elle connaissait la timidité de son fils. Et elle n’avait aucun moyen de savoir combien de temps il lui faudrait pour être plus à l’aise, pas vrai ? C’est ce qu’elle espérait du moins, sachant pertinemment qu’à sa place… Elle se poserait des questions. Pourquoi avait-il choisi le mensonge quand il ne savait être qu’honnête ? Vraiment… Cet homme était un parfait idiot.

Elle ne peut toutefois retenir ce début de sourire amusé qui pointe lorsqu’il répond à côté à sa question, camouflé par ses élans pour le faire rentrer dans la maison. Qu’avait-il voulu dire par moi aussi ? Elle ne le saurait sûrement jamais. Ou elle le titillerait dessus après. Pour l’instant… Ils avaient un fauve à calmer. Un prédateur à rassasier, éclipsant le paternel de l’équation, simple figurant, pour se focaliser sur la vraie vedette du jour. Enfin, qu’elle disait. Alors qu’elle était pile à l’heure. Il y en avait qui savaient paraître aimables dès les premiers mots échangés, vraiment. « Bonjour madame. » répond-elle cependant avec un sourire chaleureux, se courbant très légèrement par politesse, le bras toujours entremêlé à celui de son petit ami. Parce que les mots ne suffiraient pas, elle aurait besoin de tous ses tips d’actrice pour feindre ce mensonge plus gros que lui. « C’est vrai que ça fait longtemps, veuillez m’excuser… Disons qu’en grandissant, on a voulu plus… D’intimité ? » Le sourire devenant plus gourmand alors qu’un clin d'œil soft était lancé, reprenant juste après. « Je ne manque jamais une invitation, vous le savez. » Quand elle ne voulait pas, elle le disait clairement. Du moins, quand la situation était moins compliquée que ça.

Il lui faut néanmoins tous ses esprits pour ne pas répondre quelque chose à la critique qu’elle fait à Chulsoo, le sentant se redresser plus crispé que jamais et tentant de le détendre doucement en caressant de ses doigts le bras prisonnier. Elle n’avait vraiment pas l’habitude de cette ambiance familiale digne des pires dramas, préférant la laisser déblatérer ce qu’elle voulait sans broncher et la laisser partir pour lui permettre de respirer plus vite. Chose quasi-instantanée, la silhouette à peine effacée qu’il semble reprendre vie, bien que déjà à moitié vidé de son énergie. « Une excuse ? » A quel sujet, au juste ? Voulait-il rajouter un mensonge sur le mensonge ? Tout ça ne lui plaisait guère, fronçant imperceptiblement les sourcils avant de soupirer. « Moi je crois en toi. » Ça avait toujours été le cas. « Et je ne vois pas trop le souci ? Ça s'est plutôt bien passé. On va supporter l’ambiance glacière du dîner et après on s’échappera dans une autre pièce. » Parce qu’elle était le genre de femme qu’on supportait qu’à petites doses. « C’est bien toi qui voulait jouer ce numéro, non ? » En tout cas, ce n’était décemment pas elle, le sondant du regard avant de radoucir ses traits, une lueur malicieuse de mauvais augure s’allumant dans ses prunelles. « Laisse moi juste vérifier quelque chose. » S’approchant dangereusement de lui et venant sans plus de cérémonie tâter ses pecs de ses deux mains, comme elle aurait cherché à attester du confort d’un coussin. « Par-fait. » L’esquisse sur ses lippes s’agrandissant, teintée de sournoiserie. « Dormir avec moi te dérange tant ? Moi ça me va, j’ai de quoi me mettre bien. » Espérant que cela détendrait l’atmosphère alors qu’un léger rire lui échappait. « A moins que tu préfères que ce soit moi le coussin ? » Un doigt venant pointer insolemment ses seins.

Comment le préparer à sa mère ?
En le gênant déjà plus qu’elle ne le ferait elle-même.

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Il déteste se montrer ainsi face à elle. La face évidente des angoisses étouffant son cœur se propulsant hors de lui pour être affiché sans détours, Chulsoo craint que Nayung ne détourne le regard de dégoût et ne l’abandonne là. Y a-t-il pourtant une personne qui lui donne plus de force? Ce mélange d’envie et de répulsion pour lui même, incapable d’assumer totalement le désir de l’avoir à ses côtés, persuadé de ne voir là que la fumée de fantasmes proches du délire et non quelque chose de réaliste. N’est-ce pas ici la nouvelle preuve? Nayung ne pourrait jamais se tenir aux côtés d’un homme tel que lui. Derrière les battements effrénés de son cœur il ne peut que désirer être un autre: au torse bombé et vaillant, qui saurait la protéger et qui oserait se montrer fort devant ses parents. La honte prend chacun de ses membres tremblants et il tire avec difficulté sur son col pour se donner l’espace de respirer.

Les mots le font frissonner. Moi je crois en toi. C’est un regard légèrement embué qu’il remonte en sa direction, accrochant ses prunelles sombres dans les siens et laissant un chaud souffle s'échapper de ses lèvres. Elle croit en lui? Qu'a-t'il fait pour le mériter? Ses sourcils se contractent d’incompréhension mais tout autant, une douce chaleur se fraie un chemin pour embaumer son cœur. “Ou-oui… C’est moi…” affirme-t-il en balbutiant, laissant son regard retomber en direction du sol, déglutissant difficilement de ne pas savoir s’il regrette ou s’il veut aller plus loin, s’il veut faire de l’illusion une réalité ou s’il veut s’en retourner pour partir en courant. Clignant des yeux à une allure impressionnante, Chulsoo tente de retrouver ses esprits, sa poitrine se soulevant un peu trop haut à chaque respiration. Ce n’est que lorsque les paumes de Nayung s’y posent qu’il s’arrête tout net, écarquillant les yeux.

“Par… fait?” répète-t-il comme dans une transe, clignant bêtement des yeux en observant son visage. Une douce chaleur venant se répandre une nouvelle fois dans sa poitrine, une bête envie de pleurer née du sentiment le plus agréable. Sans pouvoir vraiment s’en empêcher, ses mains se relèvent pour se poser sur celles de Nayung, laissant ses longs doigts chauds l’envelopper. Le rouge colore les pointes de ses joues et la gêne prend chacun de ses traits, pourtant il règne dans son aura quelque chose de plus déterminé qu’il y a quelques minutes. Il s’autorise même à refermer légèrement les doigts autour de ceux de la jeune femme, pour ne pas les laisser s’échapper. “Tu ne mérites pas d’être un coussin…” marmonne-t-il absentément en laissant son regard s’échapper en direction de leurs chaussures. Le bout de son pouce caressant le dos de sa main et un long soupir lui échappant. “C’est toi qui es parfaite.” avoue-t-il en fermant les paupières, trouvant la force dans la noirceur durant quelques secondes. Un souffle et il rouvre les yeux, une aura de détermination au fond de ses yeux de biche. “ça me dérange un peu. De dormir avec toi.” avoue-t-il dans un murmure, le silence se cristallisant de tension autour de lui et son cœur battant d’une envie sourde. Il finit par desserrer doucement ses doigts et les laisser retomber précipitamment, un rire gêné venant étirer ses lèvres. “J’aurais dû boire.” avoue-t-il avant de rire un peu plus, “mais je suis interdit, ici. Je te l’ai déjà dit? La dernière fois que j’ai bu j’ai…” Ses yeux se plissent et il marque un silence. “Tu ne veux pas savoir.” avoue-t-il finalement en secouant la tête. “Tu veux venir voir ma chambre?” lui demande-t-il en tendant la main en sa direction.

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Pourquoi était-il si mignon ? Ne voyait-il point, en agissant ainsi, qu’il l’encourageait à continuer et se jouer encore plus de lui ? Comme si le rosissement de ses joues était un signal lui indiquant qu’elle pouvait continuer. Comme si le voir bégayer et se paumer dans ses propres mots était un cadeau qui lui soufflait qu’elle… Qu’elle quoi ? Lui faisait de l’effet ? Peut-être pas, non, mais du moins, qu’elle… Ne le laissait pas indifférent ? Ou tout simplement que sa timidité flambait à son approche et que malgré toutes ces années, il était surpris et écarlate comme au premier jour. Et elle ne se lasserait décemment jamais de ce constat, même si actuellement, la situation était à la crise. Pour elle, la seule préoccupation qui semblait lui importer, c’était la qualité de son oreiller. Ce qu’elle venait évidemment de confirmer.

Elle est toutefois plus que surprise lorsque ses doigts longs se referment autour des siens, ses prunelles se relevant à la rencontre des siennes, un sourcil légèrement haussé dans l’interrogation. Elle ne méritait pas d’être un coussin ? Ah bon ? « Pourquoi, je suis trop plate ? » ose-t-elle, pas le moins vexée du monde, les mains heureusement prises mais les orbes descendant pour venir scruter son décolleté. « Je ne te savais pas aimer les gros… J’apprends quelque chose. » La tête hochée discrètement, ses boucles blondes dansant alors qu’elle lui envoie un clin d'œil. « Fais semblant de les aimer pour ce soir, ok ? » Sachant pertinemment qu’elle l’enterrait sous la honte mais y prenant sans doute tout autant de plaisir. Au moins… Après ça, il n’aurait plus peur de faire face à sa mère sur les sujets gênants. Du moins, elle l’espérait.

Elle est tout autant prise au dépourvu par son compliment au final, un sourire plus fin et tendre se dessinant sur ses traits alors qu’elle resserre sa prise sur ses doigts. N’était-ce pas l’une des premières fois où il prenait l’initiative de la toucher ? Sûrement que si. Et ça ne pouvait que lui faire plaisir, même si ses lèvres se tordent en une moue triste en écoutant la suite. « Tu me rejettes ? Tu dois vraiment aimer les gros… » Soupir contrit tandis qu’elle baisse la tête et lève les yeux, ressemblant en cet instant plus au chat potté qu’autre chose. Et voilà que maintenant, il lui parlait d’alcool, un léger rire s’échappant d’entre ses lippes sans crier gare, libérant une de ses mains pour la plaquer contre sa bouche. Oups ? Elle était sans doute grillée, oui, mais tant pis, ses ivoires mordant allègrement dans sa lèvre pour ne pas continuer sur sa lancée. Elle allait finir par le tuer.

Du moins, c’est ce qu’elle avait prévu de faire. Jusqu’à ce qu’il se perde une fois encore dans ses pensées et ne lui agite la sucrerie sous le nez.

« Je veux absolument savoir. » répond-elle du tac au tac, ses iris fauve scintillant d’une curiosité à peine contenue. « La dernière fois que tu as bu, tu as fait quoi ? » Lui donnant un discret coup de coude comme pour l’inciter à parler avant de faire la moue. « Tu sais très bien que si tu ne me le dis pas, interdit ou pas, tu te retrouveras avec un coup dans le nez. » Et elle était presque certaine que sa tolérance à l’alcool frôlait le zéro. Agrippant néanmoins sa main pour le suivre jusqu’à sa fameuse chambre sans pourtant se départir de son idée, se disant que pour qu’il craque… Il lui faudrait le gêner. « Quoi, tu as peur que j’en profite ? » souffle-t-elle en traître alors que son oreille est à proximité.

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La mention de sa poitrine a le don de le prendre de cours. Alors que ses lèvres s’entrouvrent, ses yeux en profitent pour s’arrondir: suivant le chemin parcouru par Nayung, les paupières venant prendre la suite pour papillonner. Qu’est-ce qu’elle… Ses dents venant furieusement s’enfoncer dans sa langue pour étouffer une protestation face à ce qu’elle semble sous entendre. Les gros? Les gros quoi?... Doit-il faire semblant d’être innocent et de ne pas savoir de quoi elle parle? Une expression plaintive vient se figer au fond de ses grands yeux ronds: qu’elle cesse de le torturer comme ça, il l’en supplie. Se trouvant à hocher automatiquement de la tête lorsqu’elle lui demande de faire semblant de les aimer, secouant la tête pour se reprendre une seconde après. Faire semblant de les aimer? Il est tout aussi gêné par le fait de penser à la poitrine de Nayung, que par le fait qu’elle semble penser automatiquement qu’il n’aime pas… Enfin, il n’aime pas, si? Mais il n’aime pas pas… Peut-être qu’il aime?

Les questions s’emmêlent dans son esprit. Et pour se remettre dans le droit chemin, Chulsoo agite rapidement la tête, comme si cela suffisait à mettre de l’ordre automatiquement. Un soupir lui échappe. “Arrête!” ne peut-il s’empêcher de geindre quand le sujet revient pourtant sur le tapis, une plainte et un regard qui l’accompagne, obligé de retenir son regard d’aller automatiquement se poser sur la poitrine en question, ainsi que sa langue qui veut lui crier que… “... ils sont parfaits d’abord. alors n’en parle plus.” marmonne-t-il en espérant qu’elle ne l’entende pas, un petit soupir boudeur échappant de ses lèvres et un petit regard offensé se posant sur Nayung face à la façon dont elle éclate de rire.

“Tu ne veux pas savoir.” répond-il automatiquement, pinçant les lèvres dans une moue boudeuse. Elle aime beaucoup trop l’imaginer dans des situations embarrassantes: il en est sûr. “Tu vas l’utiliser contre moi. Je le sais.” marmonne-t-il en étouffant un petit “aie” face à son coup de coude, un long soupir lui échappant. Ses sourcils sont si froncés qu’ils sont prêts à se toucher: et la gêne vient habiter chacune de ses cellules. Impossible d’y échapper. “Un coup dans… quoi?” répète-t-il en clignant les paupières, imaginant un instant Nayung le frapper et la frayeur passant sur son visage. “Me tape pas.” marmonne-t-il vite avant que Nayung ne se rapproche de son oreille.

“Distance de sécurité!” lance-t-il précipitamment en poussant sûrement un peu trop brusquement Nayung, se rendant compte de son geste alors que son corps est déjà en train de se balancer loin du sien. Qu’à cela ne tienne: un anxieux est fait pour avoir des réflexes hors du commun, et son bras vient s’enrouler autour de la taille de Nayung avant qu’elle n’en vienne à trébucher ou à tomber. Il peut souffler. “J’ai pas besoin d’avoir peur que tu en profites. Tu en profites toujours.” marmonne-t-il avec une petite moue, laissant ses doigts resserrer légèrement sa taille avant de commencer à monter l’escalier, la laissant là, contre lui. C’est juste pour ne pas qu’elle tombe dans l’escalier: qui sait si sur le chemin elle en oubliait comment on montait les marches. C’est pourtant Chulsoo qui doit se retenir en trébuchant sur la moitié du chemin, se rattrapant in extremis et adressant un timide sourire à Nayung, les pommettes rosées.

“Disons que…” commence-t-il alors que leurs pas les ramènent de sa chambre, un chemin bien trop long dans cette maison gigantesque. “J’ai eu très chaud à ce moment là. Et que personne n’avait envie de voir…” Il plisse les yeux et vient regarder Nayung un moment. Non. Il ne veut définitivement pas imprimer l’image d’un lui nu comme un vers et complètement saoul dans son esprit: mais peut-être en a-t-il assez dit pour qu’elle arrive toute seule à cette conclusion. “... Oublie.” lance-t-il avec un petit rire, tirant avec un peu plus de ferveur Nayung en direction de sa chambre et se rappelant, quand même, de lâcher sa taille une fois devant la porte.

“Je n’ai jamais eu une fille dans ma chambre.” lance-t-il avant de se rendre compte du ridicule de son aveu. “De toute façon il n’y a rien d’intéressant dedans.” Et il ne l’a pas vue depuis longtemps à son grand bonheur: la liberté chérie lorsqu’il avait enfin pu quitter la maison familiale. Un soupir et sa main pousse la porte: pour révéler un espace digne de lui. “Oh. Ils n’ont pas…” Un piano dans un coin, des feuillets gribouillés un peu partout et des partitions en désordre, le bureau si rempli de livres et de papiers en tous genres qu’il disparaît en dessous… Il n’y a que le lit qui est fait, au moins à son soulagement. “Oh!” lance-t-il en se rapprochant du mur, où une photo d’eux deux trône. “C’est nous.” souffle-t-il avec un sourire, adressant une douce esquisse à Nayung. Quel âge devaient-ils avoir? Treize? Quatorze ans? Un soupir ne peut s’empêcher de s’échapper de ses lèvres. “On se connaît depuis très longtemps, hein?...” lance-t-il dans une voix teintée d’un peu de nostalgie, de tristesse, et de quelque chose qu’il serait difficile de deviner. “Et tu me supportes encore.” lance-t-il en laissant un sourire à demi taquin lui étirer, sachant bien que ce genre de remarques lui vaudra une offense de Nayung. Mais n’est-ce pas ce qu’il cherche? Il ne peut s’empêcher de se délecter de la façon ferme qu’elle a de lui rappeler la place qu’il a dans sa vie. Une douce chaleur naissant irrémédiablement dans son cœur à imaginer que peut-être, il est quelqu’un de spécial pour elle. “Tu imagines si on ne s’était pas rencontré à l’époque?... Et si on s’était juste rencontrés au travail. Il y a des dramas sur ça…” marmonne-t-il absentément, le rouge venant colorer les joues. Est-il en train de sous-entendre vouloir un office romance avec Nayung? “J’ai rien dit…” achève-t-il en s’éclaircissant la gorge, se tournant pour éviter son regard.

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Arrêtée dans sa blague par sa réplique plaintive, Nayung a un léger temps d’arrêt en assimilant le sens, avant d’exploser de rire. Ils étaient parfaits ? Vraiment ? Il les avait tant regardés ? A deux doigts de lui demander, histoire de l’enfoncer un peu plus, s’il voulait toucher, avant de se rappeler qu’il ne voulait plus en parler. Et par souci de le garder en vie, elle s’y conforme, la mettant en veilleuse sur ce sujet. Pour le moment.

En revanche, connaître le secret du contrecoup de la boisson sur lui… ça l’intéressait, contrairement à ce qu’il disait !! Même un peu trop, si on voulait son avis, ne sachant si elle était vraiment prise de curiosité à son sujet ou si s’y mélangeait une bonne dose de taquinerie. La seconde option aurait sans doute été la plus probable, mais bizarrement, elle se surprenait à penser que la première était plus réaliste. S’étaient-ils rapprochés ? Alors qu’ils se connaissaient depuis toutes ces années ? Information aussi étrange que dérangeante, dans le sens où elle n’en comprenait pas vraiment la portée, mettant toutefois l’info dans un coin de sa tête pour se concentrer sur l’instant présent. « L’utiliser contre toi ? Et sous quelle forme, au juste ? » Fronçant le nez de concentration, tentant d’imaginer ce qui pourrait bien lui être utile sans vraiment trouver. Qu’avait-il bien pu faire ce jour-là ? « Tu te déclares à tous ceux que tu croises, c’est ça ? » Croyant tenir un filon quand il s’égare de nouveau. Le taper ? Pourquoi voudrait-elle le… Ah ! Le rire la prenant de nouveau, le pauvre complètement à côté de la plaque. « Yah, comme si je t’avais déjà tapé !! Je te parle de te faire boire, c’est une expression ! » A croire qu’en plus de ne pas boire, il n’y connaissait rien au jargon. Devrait-elle l’initier ?

Mais alors qu’elle s’approche de son oreille pour l’embêter, elle se retrouve sans comprendre à se vautrer vers l’arrière, rattrapée in extremis et rapatriée contre lui. Qu’est-ce qu’il… Elle n’avait absolument rien compris à ce qu’il venait de se passer, désormais agrippée à ses bras étrangement musclés, les sourcils froncés. « Quelle distance de sécurité ? » Il croyait quoi, qu’elle allait le manger tout cru ? Et même si c’était le cas, méritait-elle de finir les quatre fers en l’air ? Ça n'allait pas du tout, ça, ils allaient devoir en discuter !! Qu’il remarque qu’elle en profitait toujours, par contre, elle ne pouvait nier. Elle en était même plutôt fière, le sourire gourmand venant manger ses charnues. Si elle ne le faisait pas, qui le ferait ? Presque étonnée de se voir traîner ainsi dans l’escalier, collée à lui. N’était-ce pas lui qui parlait, deux secondes plus tôt, de distance de sécurité ? « Ma proximité te fait trébucher ? » ne peut-elle s’empêcher de demander face à l’évidence, ratant une marche sur deux. Ou alors, peut-être avait-il déjà bu pour se calmer.

Ce qui les ramène à leur sujet premier, n’ayant pas besoin de redemander pour qu’il apporte une piste à ses interrogations, surprise de l’entendre parler de chaleur et de… qu’avaient-ils donc vu ? Le regard de Chulsoo dans le sien, paupières plissées, et la fuite peu subtile l’amenant à la réponse avec un peu trop de facilité, ses orbes s’écarquillant avant que ses lèvres ne laissent échapper une esclaffe. Avait-il vraiment accompli un strip-tease impromptu ? Venant de lui, elle demandait clairement à voir !! Mais sans doute était-ce exactement pour cela qu’il se l’interdisait : il ne supportait pas les conséquences de la boisson. Après… qui lui disait que ça se reproduirait ? Peut-être devrait-elle lui faire essayer de nouveau ?

Une remarque qu’elle garde dans un coin de son esprit alors qu’ils arrivent à sa chambre, pénétrant dans l’antre de l’homme pudique par excellence. Celui qui visiblement, n’avait jamais invité le sexe opposé. « Essayerais-tu de me mettre la pression d’emblée ? » ne peut-elle s’empêcher de le taquiner, se fichant bien après inspection que ce ne soit pas parfaitement rangé. Au contraire, elle aimait voir à travers les feuillets jetés et divers objets mal placés la vie se dégager de la pièce, l’imaginant aisément se prendre la tête sur une composition au piano ou faire les cent pas, dans ce coin là. Peut-être bien se calmer aussi en regardant cette photo, dont il parlait, les souvenirs remontant à sa mémoire et traçant une esquisse douce sur ses traits, ses prunelles pétillant, miroir des siennes. « Oui… mais étrangement, j’ai l’impression qu’on est toujours les mêmes. » Qu’importait le gouffre des années, aujourd’hui encore elle le capturait de son bras pour le ramener à elle, le sourire mutin, l’embarquant toujours dans toutes ses combines. Et c’était parfait ainsi. Ne prenant de ce fait pas sa remarque comme une flagellation de sa part mais bien une blague, riant avant de soupirer en s’installant confortablement sur le lit. « A ce compte là, je peux affirmer que tu me supportes plus que l’inverse. Ton cœur doit me détester au vu du nombre de crises cardiaques que je t’ai fait frôler. » Victime préférée quand il s’agissait de taquiner, un sourire complice ourlant ses lippes.

Cette fois, en revanche, elle plaide non coupable. L’écoutant attentivement alors qu’il parle de drama, et suivant son raisonnement pour aboutir à une conclusion… qu’elle n’attendait pas. « Tu veux dire, une romance de bureau ? » Riant par automatisme sans que cela vienne réellement du cœur, l’impression étrange qu’elle ne devrait pas. « Tu es vraiment sûr que dans un univers alternatif, tu supporterais une copine comme moi ? » C’est qu’elle avait ses défauts, même si elle ne crachait jamais sur ses qualités. « D’ailleurs, viens voir là ! » lui fait-elle signe d’approcher, tapotant le lit à côté d’elle pour qu’il s’y installe avant de continuer. « Il faut qu’on s'entraîne. Tu ne peux pas me refaire le coup de la distance de sécurité devant tes parents, on est censé être ensemble !! » Elle voulait bien qu’il soit timide, mais tout de même. « Je ne suis pas si repoussante, right ? Alors stop la timidité, vois ça comme quelque chose d’agréable ? » Prenant son menton entre son pouce et son index pour le tourner dans sa direction, se rapprochant jusqu’à ne laisser que quelques centimètres, ses orbes fauves plongées dans les siennes. « Tu dois soutenir mon regard, Chulsoo. Tu me connais depuis toujours, c’est facile. » Le tout murmuré sur une voix de conspiratrice, le sourire montant jusqu’à l’éclat de ses iris. « Maintenant prends les devant. Fais moi un câlin. » Puisqu’apparemment, tout était compliqué entre eux.

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Sont-ils toujours les mêmes? Alors que Nayung prononce ses mots, le regard de Chulsoo s’arrête sur son visage. Elle n’a rien de la petite fille qu’elle était auparavant et tout autant il la voit comme un bourgeon qui a fait naître les plus belles pétales, contrairement au triste spectacle de la descente qu’il lui semble avoir entrepris lui-même au fil des années. Autrefois, même si son cœur le meurtrissait d’être voué à être un pantin articulé par les mains de ses parents, au moins avait-il la reconnaissance de ses pairs et un certain statut. Tout cela n’avait que peu de valeur, il en avait conscience, et pourtant cela lui donnait l’impression d’exister, de ne plus reposer entièrement sur ce qui ne lui appartenait qu’à lui et qu’il ne pouvait voir autrement que comme pitoyable. Des années passées à se forcer jetées à la poubelle pour se libérer de leur pression et pourtant encore aujourd’hui il ne parvient pas à y échapper: chacune de ses actions vues sous le prisme de ce qu’ils en penseraient et arrêtant ses gestes dans la foulée. Qu’il agisse sous l'œil de ses parents ou loin d’eux n’avait rien changé. S’il soufre moins aujourd’hui, la retenue est toujours perceptible, incapable de se donner réellement la liberté de profiter de sa vie comme il le souhaiterait. Cette impression perceptible de pouvoir voir la clé qui délivrerait son corps et son esprit sans pourtant parvenir à l’attraper de sa main tendue. “Oui… mon coeur te déteste” répète-t-il avec un petit rire nerveux, craignant que les sonorités de son ton laissent tout à entendre des vrais sentiments qui l’animent à son égard et qui rendent sa présence dans cette pièce plus insupportable que jamais.

Un léger soupir lui échappe. Elle semble prendre ses aises sur son lit et Chulsoo est incapable de se décider sur s’il a le droit, ou non, de prendre place à ses côtés. Il observe la place avec attention lorsque la remarque de Nayung le prend de court, faisant papillonner agréablement ses yeux. “Non, ce n’est pas.. Je ne voulais pas… Je connais pas…” commence-t-il à balbutier face à la mention de romance de bureau, son regard fuyant se posant sur tout sauf sur Nayung pour essayer d’échapper au sujet qu’il a lui-même abordé. Un pas le rapproche du lit alors même qu’il cherchait la fuite. “Une copine comme… toi?” répète-t-il en laissant ses traits signifier à sa place combien rester dans ce sujet le plonge dans une profonde détresse, l’invitation de Nayung à le rejoindre sur la couverture se présentant comme une issue de secours alors même qu’il se jette dans la gueule du loup. Seulement il ne peut pas réfléchir: son corps agit avec impulsion et vient finalement s’asseoir à l’endroit où elle a tapoté, incapable de percevoir le danger qui pourtant flotte au dessus de leurs têtes.

“Qu’on… quoi?” répète-t-il d’un air légèrement perdu, peinant à comprendre l’enchaînement des pensées de Nayung et papillonnant des yeux pour signifier sa confusion. Repoussante? Quelque chose d’agréable? Il s’apprête à lui demander de quoi elle veut bien parler lorsque les doigts de Nayung se renferment sur son menton. Il était déjà en train de la fixer mais là son regard se fait plus attentif, prenant conscience de la proximité de leurs corps assis près l’un de l’autre et de leurs visages entre lesquels la distance lui semble dangereusement petite. “Na-Nayung?...” balbutie-t-il en écarquillant légèrement les yeux, imaginant peut-être naïvement que ses supplications lui donneront envie d’arrêter. Alors que son visage se rapproche du sien, ses yeux s'arrondissent un peu plus, et la lueur de supplication vient briller avec un peu plus d’intensité au fond de son regard. Avant qu’il ne puisse détourner le regard, Nayung lui intime de le soutenir, et avant même d’y réfléchir il acquiesce sagement, accompagné d’un difficile déglutissement. “ça ne l’est pas.” tient-il tout de même à préciser lorsque Nayung lui dit que c’est facile, incapable de voir comment il pourrait être confortable à des centimètres des lèvres de la personne qu’il a toujours aimé. Mais peut-être est-ce exactement pour cette raison que Nayung semble si à l’aise avec le geste: parce que pour elle, tout ça n’a aucune signification.

Le soupir qui lui échappe face à cette réalisation lui est pénible. “Est-ce que c’est nécessaire qu’on s’entraîne?” demande-t-il rapidement après sa demande. “Un câlin, c’est facile. Je peux t’en faire plein. Tout le temps. Je n’ai pas besoin d’en faire un avant… D’avoir besoin d’en faire un, pourquoi je devrais m’entraîner pour quelque chose que je sais faire, tu sais que je sais le faire, non? Je sais…” Ses paroles meurent à la fin de ses lèvres et son visage se tord d’un peu plus de supplication. Une moue vient pousser ses lèvres en avant pour lui donner l’air d’un enfant boudeur. A le voir on croirait qu’il est en train de subir la pire des tortures: et dans une certaine mesure, n’est-ce pas le cas? “Tu ne peux pas juste croire que je peux le faire? …. Sans que j’aie besoin de le faire?” demande-t-il pour tenter d’échapper à la situation, son regard partant sur le côté pour trouver une échappatoire. Mais si ses yeux peuvent être tout sauf face à Nayung, les doigts qui le tiennent forcent son corps à rester en place. Fermant les yeux une petite seconde, Chulsoo tente de reprendre ses esprits. Avec attention, ses dents viennent torturer sa lèvre inférieure pour tenter de trouver un moyen d’échapper à la situation. Il a beau mettre toute son énergie mentale à la tâche, il ne voit qu’une solution: pousser Nayung et partir en courant… et il ne se pardonnerait pas d’agir comme ça à nouveau.

Il n’a pas encore ouvert les yeux que ses bras s’ouvrent, son corps se propulsant en avant pour venir se renfermer autour du corps de la jeune femme. Elle n’est pas encore contre lui qu’il sent sa chaleur insupportable, son coeur accélérer, et bientôt c’est Nayung toute entière qui se trouve lovée contre son torse, son visage à côté du sien. Il ne sait pas où poser ses mains. Il ne sait pas combien de temps il doit rester dans cette étreinte. Finalement, Chulsoo les pose approximativement contre son dos et s’autorise à serrer un petit peu… juste un petit peu. Parce que lorsqu’il s’ose à cette action, la sensation de la poitrine de Nayung qui s’écrase contre son torse a le don de venir colorer ses joues de gêne. Heureusement ne peut-elle pas le voir, maintenant. “... Comme ça? C’est bien?...” demande-t-il timidement, jouant avec la position de ses doigts contre elle, les resserrant pour agripper le tissu de sa robe avant de les relâcher. Sans qu’il ne puisse s’en empêcher, un long soupir chaud s’échappe de ses lèvres, et s’échappe contre sa peau nue au creux de son cou. “Hm…” marmonne-t-il au bout d’un moment à rester là sans bouger, ne sachant pas bien quoi fixer à part le mur devant lui. “... Tu aimes bien?” demande-t-il timidement. Chulsoo a beau savoir qu’ici ils ne font que s’entraîner, ses joues ne peuvent que rosir à l’idée que tout de même, elle pourrait trouver un certain plaisir à être là, tout contre lui.

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Mon cœur te déteste.

Ce qui partait à l’origine d’une blague semble tout à coup beaucoup trop sérieux et sincère, le regardant surprise, alors que ses orbes s’agrandissent une traître seconde. Elle ne sait ce qu’il veut dire par là, s’il exagère comme d’accoutumé ou essaie difficilement de blaguer, mais un sentiment de malaise l’habite, qu’elle s’efforce à chasser. Sûrement n’était-ce qu’une illusion de l’esprit, ou une étude trop poussée de quelques mots qui ne voulait rien dire. Aussi fort le taquinait-elle, elle n’avait jamais pensé qu’il puisse la détester, et cette possibilité enserrait son muscle battant d’un carcan douloureux qu’elle rejette tout bonnement. Il était plus facile de plaisanter.

Et si le sujet lui semble tout trouvé, elle a pourtant du mal à s’y plonger, ne comprenant pas trop comment ils en viennent à parler drama et romance de bureau entre eux ni si là encore, il y aurait sous-entendu entre deux mots. Le voir bégayer n’a en soit rien d’extraordinaire, mais sa quête vaine de trouver une excuse rend le tout plus étrange encore, finissant pourtant par rire lorsqu’il répète ses mots. Venait-elle de retomber sur ses pattes ? « Oui, une copine comme moi. Est-ce si affreux ou si difficile à imaginer ? » L’un comme l’autre s’avérait un peu triste en soi, mais cela ne la gênait pas plus que ça. Après tout, elle le prenait au dépourvu.

Il y a toutefois d’autres choses plus urgentes à discuter, à savoir sa timidité, embarquée dans un plan foireux qu’elle voyait se déliter de minute en minute. L’invitant à s’asseoir d’un tapotement sur la couette et pouffant avant de se mordre la lèvre en le voyant arriver comme monté sur ressorts. Décidément, aujourd’hui, il avait le diable au corps ! Est-ce la raison pour laquelle elle capture son menton sans lui donner quelconque choix ? Sûrement, puisque la fuite n’était pas une option viable aujourd’hui, essayant de dépasser les limites qu’il dresse et lui montrer qu’il n’y a rien de dangereux à se rapprocher un peu. Que son corps n’allait pas exploser ou dieu savait ce qu’il pouvait penser ! Il lui est pourtant difficile de maintenir le cap quand ses iris écarquillés semblent si paniqués et terrifiés, l’impression d’être monstrueuse filant dans ses veines jusqu’à venir pulser désagréablement dans un cœur troublé. Ses mots n’aident en rien à calmer cette image, se demandant sincèrement ce qu’il pouvait y avoir de si dur à simplement la regarder. On aurait presque dit qu’il allait pleurer.

Le soupir passe la barrière de ses lèvres, un peu refroidie, elle lui demande toutefois de l’enlacer, histoire de s’assurer que c’était possible. Qu’ils ne se retrouveraient pas à table à dix mètres l’un de l’autre sans être capable de se jeter un regard ou entrelacer leurs doigts. Bonjour le fiasco ! Mais là encore, tout est compliqué, partant dans des tirades qu’elle ne comprend pas sur ce qu’il était capable de faire sans avoir besoin de le prouver… la laissant bêtement muette. S’il en était capable, pourquoi ne le faisait-il pas au lieu de discuter ? Et pourquoi tant rechigner à l’idée ? Devraient-ils avoir une conversation après cette journée ? Tout d’un coup, elle se sentait bien moins assurée, et l’idée de rester coucher semblait juste irréelle. Regardant sans la voir sa mine boudeuse de ses yeux vitreux, se demandant s’il se forçait vraiment, et, à ce compte, combien de fois il l’avait fait sans qu’elle ne le prenne réellement au sérieux. Serait-elle une mauvaise amie ? La remise en question est rude, détaillant ses paupières fermées et plissées comme avant d’ingurgiter quelque chose de mauvais, ses orbes s’arrêtant un temps de trop sur ses lèvres mordues avant qu’elle ne soit projetée sans crier gare contre lui.

A l’image même de quelqu’un qui sautait dans le vide sans regarder pour en finir, il la serrait dans ses bras tout en ne la serrant pas, ne la laissant que plus perplexe. Certes, elle savait qu’il n’avait jamais été très proche de la gent féminine, et cela pouvait expliquer son embarras, mais après tout ce cinéma, elle doutait qu'il n’y ait que ça. Aussi n’arrive-t-elle ni à se détendre, ni à profiter, l’impression fugace qu’il ne s’agissait là pas d’une étreinte du cœur mais de deux bras vides qui n’avaient pas la moindre envie d’être là. Nouveau soupir, la tristesse peignant brièvement ses traits sans qu’il ne puisse la voir passer, son visage camouflé. Ses paupières se ferment un instant, essayant de capter sa chaleur, les battements affolés de son cœur et le jeu de ses doigts contre les plis de sa robe. Mais son coeur est lourd. Alors quand il lui demande si elle aime, elle le repousse doucement de sa paume contre sa poitrine, reprenant une distance raisonnable entre eux. « Je me prononcerai lorsque j’en aurais un vrai. Ne te force plus pour moi, Chulsoo. » Le sourire est présent, mais l’éclat malicieux qui l’habite est voilé de tristesse, se redressant doucement pour faire quelques pas et appréhender plus la pièce. « Pourquoi tu n’as jamais invité personne ici ? Tu ne voulais pas qu’ils voient tes parents ? Ou tu as vraiment du mal avec les filles ? » Il lui avait assuré qu’il aimait les femmes, aussi ne demandait-elle rien à propos des hommes. Elle n’aurait juste pas pensé que c’était à ce point. Mais elle avait l’habitude d’être rejetée, pas vrai ? Aujourd’hui ne devrait être différent, se donnant un coup de fouet mental avant de lui sourire, ne sachant s’il était pleinement sincère ou si ses talents d’actrices prenaient un peu le relais. « Tu me joues quelque chose ? » Le piano pointé du doigt, sans autre forme de procès. Ils seraient sans doute bien vite appelés à dîner et elle ne voulait le stresser au point qu’il ait une indigestion.

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