i want you to die Il fallait l’avouer, lorsque les résultats avaient été annoncés, Jaewon était complètement tombé des nues. Pas qu’il doute de ses capacités, non, il avait travaillé dur. Mais qu’en tant que trainee méconnu il arrive à se hisser dans le top 5 dès la première épreuve… Il ne s’y attendait pas. Il ne l’avait même pas cru possible, la révélation aussi douce et réconfortante pour tous les efforts monopolisés que stressante, se devant d’être à un niveau tel qu’il justifierait qu’il ait été au dessus de ses sunbae. Et il se sentait mal quelque part, de devoir se battre contre des personnes qu’il admirait, un peu paumé comme d’accoutumé dans cette émission survival. Ne serait-il pas vu d’un mauvais œil ? Si, sûrement, mais qu’y pouvait-il ? Il n’avait pas truqué les votes et espérait que les autres participants ne le prendraient pas trop personnellement. Parce qu’à ses yeux, ils avaient tous bien performé et montré nombre de qualités et idées innovantes. N’étaient-ils pas tous déjà vainqueurs d’avoir été sélectionnés ? Même si dans son cas, ce n’était pas lui qui avait décidé d’envoyer sa participation.
Le système de rang qui est révélé ensuite ne le laisse que plus figé, la grimace s’étalant sur son minois alors que la liste des chansons est annoncée. Devaient-ils se battre pour ça aussi ? Déjà que certains n’avaient même pas de salle d'entraînement potable… C’était franchement vache, ne se sentant que plus désolé d’avoir raflé cette place à un autre. C’était le jeu, oui, mais il n'était pas partisan des jeux d’ego, analysant rapidement la liste de chansons. Pour l’instant, il ne se voyait pas verser dans le féminin. Encore moins dans le rap, qui n’était clairement pas sa marque de fabrique. Quant au trot… Il ne se sentait pas assez confiant pour, n’ayant pas de réputation déjà comme certains et voulant être sûr de montrer ses talents ici pour promouvoir leur futur groupe. N’était-ce pas pour ça qu’il était là, après tout ? Le tri est fait rapidement et ne reste plus que deux chansons : Loveholic d’Aaron et Want de Hyunki. La première comporte toutefois un risque, grandement axée sur les expressions faciales joyeuses et amoureuses qu’il n’est pas sûr de pouvoir reproduire… Quand la seconde entre plus dans son champ des possibles et lui donne déjà quelques idées. Le choix est donc rapidement fixé, préférant suivre son instinct et montrer en premier lieu ses capacités les plus solides dans les débuts du jeu.
Et puisqu’il a accès aux salles d’entrainement sans limite, il essaie d’optimiser son temps au maximum et faire de son mieux jusqu’au bout en restant focus. Des talents en composition et en arrangement, il n’en a pas franchement pour le moment, décidant de ne pas trop toucher à l'œuvre d’un autre et se concentrer plutôt sur le sens de la chanson et son champ des possibles. Faire ressortir la sensualité. Le désir et l’envie. Cette dualité entre bien et mal ainsi que la libération du corps et l’innocence évoquée. La chorégraphie est quelque peu retravaillée en fonction, pour coller à la mise en scène aussi, et il travaille sans relâche pour donner une performance de qualité, incapable de regarder qui que ce soit en face s’il faisait moins que ça alors qu’il possédait le badge des privilégiés.
Et enfin vint le moment de tout démontrer. Treizième candidat. Treizième performance. A croire que le diable lui collait à la peau.
Alors que les spots s’allument pour éclairer la scène, c’est le jardin d’Eden qu’on y trouve, les figurants en toges blanches immaculées et dorures s’étalant sur le corps ou les accessoires, se prélassant ou tournoyant innocemment d’un endroit à un autre autour de la végétation luxuriante. Évitant consciencieusement l’arbre sur la droite qui contient une unique pomme. Mais ce n’est pas ce qui attire l'œil, non, c’est l’imposante porte qui se trouve au fond de la scène, trônant bien au centre. Signature même du malin, les abattants semblent être empreints de différents corps entremêlés et accrochés à même la roche, squelettes momifiés semblables aux victimes de Pompéi, figés dans l’horreur et l’asphyxie. De part et d’autres, une toile qui se teint de rouge d’où des mains sont apposées à un rythme irrégulier, devinant des corps tentant de sortir de cette prison infernale. Un silence pesant qui s’étire jusqu’à ce que les portes s’entrouvrent finalement, les habitants du Paradis se figeant dans l’horreur alors qu’apparaissent deux mains, une fumée rougeâtre se répandant des portes vers le jardin et diffusant leur poison soudain. La musique démarre.
Jaewon apparaît lentement dans son costume reptilien de cuir noir et empreintes d'écailles sur le corps, personnification d’Apophis, dieu du chaos ayant pour but d'annihiler la création divine. Sortant de sa prison jugée impénétrable et forçant les portes dans des mouvements ressemblant à une désarticulation, glissant ensuite jusqu’au centre de la scène en dansant. Toisant le public de ses iris fendues d’un vert profond, il semble défier quiconque de le contredire alors que sa voix porte.
The moment you take me in you’ll be thirsting for more, incomplete Creating the definition of heat From instincts to reasoning Will leave you wanting more, thirsting for more
Son corps glissant avec aisance et suivant la chorégraphie qu’il a rendu parfois plus fluide en allongeant les mouvements pour donner cette impression reptilienne tout en se déhanchant sensuellement. D’abord seul, centre de la scène d’où les figurants tournent autour avec appréhension, certains commencent à perdre le contrôle de leurs corps et se mettent à imiter quelques mouvements de chorégraphie, rejoignant au fur et à mesure ses côtés jusqu’à ce que tous soient hypnotisés et dansent le refrain avec lui tels des pantins.
Hot, hot teasing you slowly Hot, hot making you fall for me without no limit Hot, hot waking you up from the silence under your deep sea Hot, hot will leave you wanting more, thirsting for more
Une autre figurante apparaît, entièrement vêtue de rouge, sa robe en soie moulant ses formes, comme attirée irrésistiblement par Jaewon. Ce dernier semble lui parler alors qu’il continue de chanter, un sourire carnassier se dessinant sur ses lippes au fur et à mesure qu’elle papillonne et se rapproche de lui.
This sweetness of the forbidden apple tempts you The impulse awakens the senses In this sweet flow Will leave you wanting more, thirsting for more
Elle lui échappe cependant, comme se réveillant d’une transe, et fuit hors de la scène alors que ses traits s’assombrissent, devenu fou par son échec. La danse reprend de plus belle alors que la musique devient plus forte et intrusive, les mouvements moins fluides, plus saccadés. Les expressions des backdancers changeant et commençant eux aussi à sourire de façon inquiétante, le serpent pervertissant leur esprit de sa danse et ses émotions trop violentes.
La fumée rougeâtre se répend de nouveau à leurs pieds tandis que la jeune femme revient sur scène, papillon attirée par les flammes, sur le point de se brûler. Les iris devenues entièrement noires, comme possédée par le démon, elle se déhanche sensuellement à ses côtés, conquise et entièrement à sa merci.
I’m your eyes, I’ll help you see a new world (I’m your eyes) I’m your toy, I’ll make you innocent (I’m your toy) Trust your own self-control Move by your body and soul
La musique se coupe alors que lentement, son regard se tourne vers l’arbre, la jeune femme reproduisant ses mouvements comme possédée et lentement, elle se dirige vers celui-ci, ses mains se levant tremblantes vers la pomme qu’elle cueille et amène à sa bouche, semblant lutter contre une force extérieure avant de la croquer… Et tomber raide morte.
Hot, hot
La voix du jeune démon reprend de plus belle avant que la mélodie suive, le sourire victorieux dévorant son minois, l’impression qu’il rigole omniprésente alors que les autres continuent de le suivre tels des pantins sans se rendre compte que bientôt ils subiront le même sort. Les membres des uns et des autres prenant des angles inquiétants et s’arquant avant de s’écrouler, tombant les uns après les autres pour le laisser terminer la chorégraphie seul. Le silence de nouveau maître de la salle, il regarde une dernière fois le public avec défit et amusement avant de se retourner, rejoignant son antre et fermant les portes infernales derrière lui dans un rire machiavélique.
Et le noir englouti la salle.
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Supernatural woman, supernatural freak. Don't know what you're doin', got me feelin' weak. Oh, I wanna call you fever, baby, you can set a fire on me. Hot damn, pop it like a pistol, mama. You got me down on my knees, begging please. ☾☾
