hard ✷ beomsoo

Qui avait eu cette idée pourrie ? C’est ce qu’elle ne cessait de se répéter chaque jour alors qu’au petit matin elle se devait d’aller chercher ce que contenait cette foutue nasse, se demandant bien ce qu’elle pourrait apprendre de judicieux d’un courant marin. Pas à sentir bon, en tout cas. Pas plus de l’argent ou de la fame. En fait, ce truc était purement inutile, perte de temps monstre (et dieu savait que son temps valait de l’or) pour ne pas dire franchement peu ragoûtant. Autant les coquillages avaient été assez sympas (elle aurait préféré la perle d’une huître, soyons honnête, voire deux ou trois) mais le reste !! Ce n’était toutefois rien comparé à la surprise du jour, en proie avec le filet sous marin, passant ses doigts à l’aveuglette avant de sentir quelque chose de visqueux bouger, bondissant en poussant un cri terrifiant et rencontrant au passage la personne se trouvant malencontreusement derrière elle de plein fouet, se rétamant à deux dans l’eau. S’il avait amorti sa chute, elle n’en paraissait pas plus heureuse, jurant avant de se relever à moitié trempée, mettant enfin un nom sur le visage. « Beomsoo sunbae ! » Au moins n’était-il pas un parfait inconnu, bienheureuse de ne pas avoir à switcher sur son vieux numéro de charme et ne faisant de ce fait que soupirer avant de grimacer. « Je crois que nos habits sont ruinés… » Le désolé aurait sans doute été de mise mais elle ne trouvait aucunement l’envie de le prononcer, ce dernier de toute manière fort hypocrite vu qu’elle s’en faisait plus pour elle que pour lui. Il était bien l’un des seuls avec lesquels elle se fichait un tant soit peu de ne pas être parfaite. Là n’était toutefois pas le sujet !! « Je crois qu’il y a un truc louche cette fois… c’est vivant. Et visqueux. » Pour ne pas dire dégueu, fronçant le nez avant de lui laisser accès, se disant qu’à défaut d’y échapper… elle ne serait pas la chair à canon. Imaginez un ver !!! Et s’il finissait avec le doigt mordu, et bien… ce ne serait pas son problème !

Au Summer Camp, les journées se ressemblaient. Temps frais au petit matin, soleil à son maximum en tout début d’après-midi - une aubaine pour prendre un cocktail bien frais un soleil - et coucher de soleil de toute beauté dans la soirée. La météo restait toujours la même, contrairement aux tenues de Beomsoo. Lui qui avait ramené une valise à faire pâlir les voyageurs de passage, avec assez de vêtements pour organiser un défilé de mode privé. Il avait rechigné en mettant la valise dans la soute, se demandant pourquoi il n’avait pas pensé au fait que personne ne la porterait pour lui, avant de se résigner et se dire qu’il n’avait pas d’autre choix. La mode, c’était la mode. Il ne se laisserait pas prendre en photo sans ses tenues phares de l’été.

Et parce que toute action était une bonne excuse pour exhiber ses nouvelles tenues, achetées toutes récemment auprès de grandes marques de luxe, il avait décidé de se rendre à la collecte quotidienne de la nasse dans un joli short en lin, avec un polo tout à fait ravissant, qui valaient chacun une petite somme d’argent. Et le short était même assez court pour ne pas se faire toucher par les vagues, en allant chercher la nasse, signe qu’il avait tout prévu.

Avançant dans l’eau avec une paire de sandales - toujours aussi magnifique mais beaucoup plus robuste, certes -, il reconnut la silhouette d’Eiko tout près de lui, leur nasse étant littéralement toute proche l’une de l’autre. Peut-être même un peu trop proche, si on considérait le fait qu’elle venait tout juste de lui sauter dessus en criant, l’envoyant à la mer.

Le malheureux poussa un cri de désespoir en tombant avec elle, la maudissant du regard quand elle se releva après qu’il lui ait servi de coussin de secours. « C’est ça, ouais, j’te dis pas bonjour non plus ! » Il grommela ses mots en essayant de brièvement essorer son short qui avait bien pris l’eau, espérant ne pas avoir de sable dans les sous-vêtements tout en écoutant la jeune femme ronchonner. « Ça va que je suis prévoyant. » Et tant pis pour elle si elle ne l’avait pas été.

« Vivant et visqueux ? T’as dû toucher une algue. Mais crois-moi, c’est pas les petites bêtes qui vont manger la grosse. » Loin d’être surpris par le comportement de petite princesse gâtée de la jeune femme, il approcha de la nasse de cette dernière, s’y penchant en gardant un œil sur elle - n’ayant nulle envie de faire un plongeon tête la première à cause d’elle.

« Ah oui, ça bouge… Attends. » Profitant des manches déjà plus que courtes de son polo, se disant aussi que sa tenue était fichue de toute manière, il plongea les avant-bras dans la nasse pour essayer d’en prendre le contenu.

Sourcil haussé à sa réponse sans que sa moue n’en soit plus souriante ou compatissante, Eiko ne fait que soupirer en croisant les bras, le détaillant de haut en bas. « Alors quoi, au revoir ? » Dire qu’elle avait abandonné toute raison de lui plaire n’était pas totalement faux, ou plutôt, elle savait ne pas tant lui déplaire pour ne pas avoir à changer son caractère. Une aubaine qu’elle avait avec bien peu de monde, quand bien même la tout de suite, ça n’aiderait pas à sauver sa pauvre robe blanche qui lui collait à la peau. Si elle allait lui soutirer son polo sous couvert sinon d’être un pervers ? Parfaitement, mais déjà, elle lui ferait attraper ce qu’il y avait dans sa fichue nasse, puisqu’apparemment il ne s’agissait là que d’une algue et la petite bête ne mangeait décidément pas la grosse. « Oh mais je te crois ! Je te laisse même me montrer tant que tu y es, puisque tu sembles t’y connaitre. » Ton légèrement hautain pour ne pas dire sarcastique, le regardant royale se casser en deux dans ses marques devenues éponges d’eau. « Ah tiens, ça bouge maintenant ? Sûrement une algue… » Peu encline à lâcher l’affaire tandis qu’un sourire narquois étirait ses lippes, supervisant de loin les opérations. Après tout s’était-elle déjà assez mouillée, comme qui dirait. Il ne semble toutefois pas ferrer le poisson, ou quelque fut cette touche dégoûtante, commençant à taper du bout des doigts son avant bras d’impatience. « Tu as peur de te faire mordre, peut-être ? » Mais après tout, même si ça arrivait, ça ne pourrait le manger, n’oublions pas ! Un début de rire filant d’entre ses lippes sans qu’elle ne puisse le retenir, se rendant compte que contre toute vraisemblance… elle s’amusait un peu à le voir ainsi galérer. Ce n'était après tout pas tous les jours que l'on pouvait admirer Cho Beomsoo en guenilles, la coiffure de travers à pêcher les animaux de la mer ! Dommage que l'on ne puisse immortaliser l'instant.