"
Hi everybody, welcome to another of April's days !"
Le sourire placardé en étendard. April sourit, toujours.
April toujours de bonne humeur.
April jamais malheureuse.
Peut-être un peu simplette ? Ou simplement pleine de la candeur de ceux à qui la vie sourit. Après tout, quelle raison aurait-elle d'être malheureuse ?
Elle a tellement de chance. Oui, elle le sait,
elle est tellement chanceuse. Et
tellement heureuse.
D'ailleurs, tout le monde le dit, qu'elle a de la chance. De la chance d'être là, surtout, dans Stargaze, auprès d'elles, et ça ne peut être que ça, un coup de pot, ça ou quelque chose d'un peu douteux, car franchement, quelle autre raison aurait cette fille d'avoir réussi à se faire une place dans ce groupe, et dans le classement final de cette émission ?
C'est ce que disent les gens.
April, elle est pas si douée. April, elle a débarqué comme ça, sans savoir comment fonctionnent les choses dans ce pays, cette industrie, sans avoir le même entraînement rigoureux que la plupart de ses camarades, dont certaines n'ayant pas eu le même succès, certaines qui l'auraient probablement mérité.
C'est ce qu'ils racontent, ils disent ça et plein d'autres choses.
Qu'April aurait peut-être mieux fait de rester où elle était. Elle est arrivée prendre la place d'une autre, plus méritante, satanés Américains qui se trouvent tous les droits, la preuve, April,
elle est même pas fichue de parler correctement coréen.
Y en a d'autres qui chantent mieux qu'elle. Dansent mieux qu'elle. Elle est mignonne, on peut au moins lui donner ça. Mignonne, mais pour elle, ça ne suffira pas.
C'est ce qu'ils disent.
Les gens parlent, toujours. Elle les ignore. S'entoure dans cette bulle d'illusion qui est la sienne - au fond, May prie pour qu'elle n'éclate jamais, qu'April puisse continuer de baigner dans cette tendre fantaisie qu'elle s'est construite.
Là où tout le monde l'aime. Où elle est toujours bien acceptée. C'est ce qu'elle dit à papa, à maman. Les commentaires sont toujours adorables, et quand ils ne le sont pas, les gens sont simplement jaloux. Elle s'en fiche, tant qu'ils ne vont pas chercher plus loin que ce qu'ils voient - May préfère qu'on trouve April chanceuse, plutôt que d'aller trouver dans son passé le souvenir d'une malchance qui, elle l'a décidé, n'est qu'un souvenir effacé, pourrait tout aussi bien ne jamais avoir existé. Elle préfère sa version des choses. Elle préfère April à May. May était seule, trop souvent. April est aimée, April est heureuse. Innocente. Mieux vaut, alors,
lui laisser toute la place.
