Lim Suji

Halloween.

Suji adorait cette fête pour une raison bien particulière : c'était un des seuls moments de l'année où elle pouvait voir du merchandising d'horreur un peu partout. Et elle qui en était friande, sans être frileuse à l'idée de voir du gore et de l'épouvante, elle ne pouvait que se régaler de toutes les références à des films d'horreur qu'elle pouvait voir partout.

Elle avait même mis son plus beau costume pour cette magnifique soirée d'Halloween où elle avait été invitée, ayant tout donné sur son maquillage. C'était la première fois qu'elle testait les effets FX avec du latex et du faux sang, et elle n'était pas non plus déçue du résultat. Elle pouvait toujours faire mieux, bien évidemment, mais c'était loin d'être une catastrophe non plus.

Entrant dans la salle où un atelier tout particulier se déroulait - la préparation des citrouilles d'Halloween -, elle remonta légèrement ses manches en prévision du potentiel carnage qu'elle allait faire.

Il semblait y avoir des citrouilles pour tous les goûts, dans cette grande pièce où toutes les courges avaient été réunies pour les participants. Des petites, bien fournies, tandis que d'autres étaient bien plus grosses et semblaient tout aussi bien remplies, peut-être même un peu plus. Et d'autres, bien plus chétives, qui semblaient avoir été laissées dans un coin par les autres participants. Elle n'avait rien contre les citrouilles rachitiques, de son côté, mais voulait se donner des chances de réussir.

Elle se pencha sur une courge qui lui semblait être un bon compromis, esquissant un petit sourire fier en venant tâter sa peau, effleurant les légers rebonds. Qu'elle était mignonne, celle-ci. Elle allait en faire un véritable objet d'épouvante, sans nul doute.

Elle déposa la citrouille sur une des tables prévues à cet effet, dans l'optique de venir le trancher le haut du crâne. Elle eut un petit sourire sadique à cette idée.

Petit sourire qui fichait la trouille, ce qui n'était justement pas plus mal pour un atelier sur les citrouilles.

Prenant bien en main un grand couteau qu'on venait tout juste de lui donner, prête à faire la fête à la courge - et non la fête à la grenouille, comme disent les chants populaires -, elle se positionna bien pour éviter tout accident avant de planter la courge en pleine tête.

Première étape faite, elle commença à doucement scier le haut, prenant le temps de faire un tracé assez net pour ne pas avoir à arracher le tout. C'était quand même plus joli quand c'était bien fait et qu'elle pouvait, par la suite, remettre le chapeau de la citrouille sur le dessus sans que cela ne tombe à l'intérieur. Et sans que cela ne cause de risques d'incendies à cause de la bougie non plus.

Elle jeta un bref coup d'œil à son œuvre, finissant de retirer ce qu'elle venait de découper.

C'était plutôt bien fait, même si une tâche de ce genre n'impliquait absolument aucune difficulté. Elle esquissa un petit sourire fier avant d'aller rendre son couteau, prenant le temps de s'enquérir de l'outil suivant dont elle avait besoin : une grande cuillère, qui lui permettrait d'évider la citrouille toute entière. Et un saladier, bien évidemment, histoire de ne pas mettre la chair de la citrouille partout. C'aurait tout de même été dommage de salir une salle aussi belle que celle-ci, même si la jeune femme n'avait pas vraiment pris le temps de la regarder avec attention.

Commençant à vider la courge, raclant bien les bords pour éviter d'y laisser de la chair ou des pépins qui n'avaient rien à faire là, elle s'attaqua à la préparation méthodique de sa citrouille. Encore une fois, rien de bien difficile mais il fallait un peu de force pour tout vider correctement. Un peu de dextérité, aussi, pour éviter de percer des trous dans la peau.

Et une fois l'évidage terminé, elle jeta un oeil à tout le contenu qu'elle venait de sortir de sa citrouille. Définitivement plus que bien charnue, elle aurait pu utiliser la chair pour en faire un velouté délicieux ou l'incorporer à une base de gâteau au chocolat. Un automne, elle se souvenait d'un superbe cake à la courge et au chocolat qu'elle avait préparé, rien que pour elle-même. Un pur délice.

Rendant les outils, elle prit ensuite un feutre noir pour marquer la face de la citrouille et lui créer son visage, faisant de son mieux pour le rendre aussi terrifiant et dégoulinant possible. A qui essayait-elle se faire peur avec une telle œuvre d'art ? Elle-même ne ressentait absolument aucune frayeur en regardant sa création.

Elle pouffa de rire, quand même fière d'elle.

Elle partit déposer le feutre noir chez ceux qui le détenaient auparavant, commençant alors à déposer le visage. La dernière étape de sa superbe courge.