Le temps passait et les jours se ressemblaient, ajoutant à la lassitude que Yunhwa éprouvait à chaque fois qu'il contemplait sa vie. Kyubin était souvent occupé avec son groupe, et lui, de son côté, passait le sien à osciller entre des études qui ne lui plaisaient plus et un travail auprès des différentes agences... À jamais dans l'ombre des autres, il essayait d'exister, tant bien que mal, sans jamais être certain d'avoir trouvé sa place. Il passait le plus clair de son temps à écrire des chansons que personnes ne lirait, parce qu'elles n'étaient pas assez bonnes, ou parce qu'elles étaient trop personnelles.
Le coeur lourd, il reposa la pointe de son crayon sur le papier, essayant de trouver un peu de confort dans les quelques lignes qu'il écrivait. En vain. Cette soirée faisait partie des plus difficiles, pour lui. Kyubin n'était pas là, et le bruit des chats qui s'agitaient dans la pièce ne suffisaient pas à l'apaiser. Il était bien plus agité encore.
Secrètement, il priait pour le retour de Sangtae. Il savait qu'il le comprenait, lui. Il était encore en tournée, à l'heure qu'il était, mais savoir qu'il était dans les environs avait toujours suffi à le rassurer.
Il est vrai qu'il aurait également pu envoyer des messages à Kyubin, lui demander comment il allait, ce qu'il avait pu faire de la journée, mais il n'en avait pas eu la force : il préférait rester dans le silence de sa chambre, à essayer de garder le peu d'énergie qu'il avait encore, plutôt que le lire en train de parler de ses entraînements et de ce qu'il avait pu faire à l'agence.
Ne se faisait-il pas du mal, à toujours chercher ce qui l'avait autrefois heurté ? Ne faisait-il pas qu'empirer les choses, alors qu'il essayait tant bien que mal de garder la tête hors de l'eau ?
Il connaissait la réponse, et pourtant, il se trouvait incapable de prendre les décisions nécessaires à son bien être. Le hasard, après tout, faisait souvent mal les choses.
Il finit par attraper les quelques feuilles de papier qu'il avait grisées depuis le début de la soirée pour les chiffonner et les apporter à la poubelle, avant de revenir s'attabler à son bureau pour reposer les yeux devant lui, perdu dans ses pensées... Il finirait par s'endormir là, à force d'avoir trop pleuré.
Pleuré sur des rêves qui le resteraient à jamais, et sur des blessures qui aujourd'hui encore refusaient de se refermer.
